Notre programme de vacances à Tobago devait être bien rodé : la plage, la plage et rien que la plage ! Nous avions enfin l’opportunité d’expérimenter une eau bleue turquoise, nous n’allions pas faire autre chose ! On s’y voyait déjà, les petits poissons multicolores venant nous lécher les pieds, l’extrême joie de pouvoir nager dans une eau translucide, l’assurance d’une surveillance « à la cool » de notre enfant…
C’est avec ces images paradisiaques dans la tête, que nous avons foulé pour la première fois la plage de Castara. Évidemment, comme à chaque fois que l’on fantasme un peu trop ses vacances, la réalité fut tout autre !
Par un phénomène climatique inhabituel, la mer ne voulait pas s’offrir aux vacanciers de passage. Au lieu de cela, elle nous opposait une barrière de rouleau quasiment infranchissable sauf pour de très bons nageurs… Au loin, nous pouvions apercevoir le calme légendaire des mers des Caraïbes, mais il fallait fournir beaucoup d’effort – et surtout vaincre sa peur des vagues – pour pouvoir y accéder. Conclusion, il était impossible d’imaginer y nager paisiblement, encore moins avec un enfant de deux ans… La surveillance était plutôt à son niveau maximal…
Alors que des amis nous avaient vanté le calme plat des plages de Castara, nous nous demandions si nous parlions bien de la même île…
Notre première heure, nous l’avons passé à arpenter la petite plage de Castara, les yeux pleins de déception, éberlués à nous demander comment nous allions occuper notre temps libre.
Alors que nous nous décidions à nous lancer dans la construction d’un château de sable, à l’ombre d’un cocotier, le garde-côte nous sommait de nous en éloigner, à cause du risque, réel, des chutes de noix-de-coco. Pas de baignade, pas de place à l’ombre : qu’allions-nous faire ?
Nous n’étions d’ailleurs pas les seuls sous le choc, les quelques touristes présents étaient tout aussi désespérés que nous… jusqu’à même enfoncer le couteau dans la plaie… comme ce couple de canadiens, venus tout droit de Toronto, qui nous ont précisé « c’est la 4ème fois que nous venons mais c’est la 1ère fois que nous voyons la mer dans cet état ! » ou comme ce père français, un habitué de ce petit caillou – sa fille étant mariée à un trinidadien rencontré à Apatou – « il paraît que ça va se calmer la semaine prochaine… ah vous serez déjà parti ? c’est pas de bol ».
En quête d’une eau plus calme, nous avons, tous, échoués sur un petit bout de plage dont la course effrénée de la mer était ralentie par une barrière de rochers, fort utile. Autre avantage, l’ombre était produite par un magnifique amandier.
Les enfants ont été les seuls à apprécier cette promiscuité imposée entre vacanciers (pourtant peu nombreux), ils s’en sont donnés à cœur joie à jouer tous ensemble !
Les jours suivants, il aura fallu jongler entre une mer agitée et les épisodes de pluie tropicale… comme nous étions loin des clichés caribéens !