Le Sentier Trésor

Le sentier Trésor a été pour nous la première plongée dans la forêt amazonienne. Jusqu’ici, nous nous étions contentés des sentiers de randonnées à la périphérie de Cayenne, forcément un peu moins sauvage qu’au cœur de la forêt mais qui ne nous avaient pas empêché de faire quelques rencontres. Le sentier Trésor lui se trouve à plus de 60Km de la capitale dans une réserve naturelle qui appartient à l’université d’Utrecht aux Pays-Bas.
Après Roura, la route qui jusque là était digne de ce nom se fait plus discrète, comme si elle avait peur de déranger. Les arbres, eux, se font plus pressants, les branches plus basses, parfois l’envie de se baisser pour en éviter une nous tient. La luminosité baisse aussi. La route se tord dans tous les sens, monte, descend puis remonte à nouveau etc etc… Heureusement, le bitume est récent et nous évitons ainsi les nids de poule qui pourraient endommager la voiture. Et même si on trouve des pneus à bons prix sur Tirendo, ce n’est pas une raison pour faire des folies. Nous remontons toujours le cours de goudron et à mesure que nous nous approchons de la source, nous avons l’impression qu’il se tarit pour à la fin ne suivre qu’un mince filet serpentant dans la forêt.

Nous arrivons enfin au départ du sentier. Mais, ô surprise, du carbet d’accueil et de présentation du sentier, il ne reste plus que la dalle de béton. Pour la deuxième fois de sa courte existence, il a été victime d’un incendie d’origine criminelle. A croire que faire venir des touristes dans cette zone dérange. Que ce soit les orpailleurs illégaux, les braconniers et tous ceux qui tirent profit de la forêt de manière illégale, personne n’a intérêt à être dérangé dans son petit commerce. Le message est passé mais l’opiniâtreté des responsables du sentier Trésor ne l’a peut-être pas entendu.
Le sentier emprunte sur les premiers mètres l’ancien chemin qui menait au placer Trésor, un site d’orpaillage fluvial. On s’imagine les garimpeiros (chercheurs d’or brésiliens et illégaux) cachés derrière les arbres, à l’aguet du touriste innocent. Dans cette ambiance lourde que le taux d’humidité ne fait qu’alourdir, nous nous enfonçons dans la forêt primaire. Le silence est lourd lui aussi, il colle à nos oreilles et les sons distants sont comme étouffés, pris dans cette mélasse. Seuls les sons proches de nous s’échappent de ce piège et trouvent à nos oreilles une résonance particulière. Ils sont au contraire amplifiés et mis en valeur. Chaque craquement de branches, battements d’ailes, ou feuilles qui tombent résonnent dans le vide. Le Paipayo ou oiseau gendarme lance son sifflement et avertit ses congénères de notre présence.

Quelques centaines de mètres après le début, nous rencontrons notre premier obstacle au milieu du chemin. Avec ses pattes velues, nous venons de la cueillir à la sortie de son terrier et sans doute au saut du lit. Elle nous regarde, on la regarde et on voit qu’elle est de mauvaise humeur. Nous venons de rencontrer la fameuse mygale guyanaise, celle qui hante les nuits de tous ceux qui s’apprêtent à venir nous rentre visite (et de ceux qui ne viennent pas justement). L’émotion passée, nous décidons de ne pas la déranger plus longtemps et l’abandonnons à ses taches quotidiennes.

Le reste du parcours se fait sans encombre, il s’agit d’une petite boucle d’1h30 sans difficulté majeure et ponctuée de panneaux explicatifs (et intéressants) sur la flore environnante. Le sentier Trésor est une sortie agréable qui permet de prendre contact avec la forêt primaire, loin de toute grande ville.

Pour en savoir plus sur la Réserve naturelle Trésor !

Le chant du Paipayo :

Bonus Jeu: Une grenouille s’est cachée dans cette photo, sauras-tu la retrouver? Un bel exemple de mimétisme !