En arrivant à Katmandou, un doux ronronnement que nous avions connu quelques mois plus tôt nous accueillit dans l’obscurité de Thamel (le ghetto à touristes): celui des groupes électrogènes ! Au Sénégal, plus d’un an auparavant, nous avions fait la connaissance de ce doux euphémismes que sont les délestages. Le gouvernement coupe l’électricité pour faire des économies. Au Népal, la totalité de l’électricité est produite grâce à des barrages, et quand on imagine le relief du pays, on se dit qu’il doit être à l’abri. Mais voilà, tandis que les besoins de la population s’accroissaient, les investissements n’ont pas suivi. Les infrastructures vieillottes sont donc incapables de répondre aux besoins. Il se dit que le Népal ne pourrait produire que la moitié de ce dont il a besoin. Les seuls investissements réalisés ont été le fait des voisins indiens qui, voyant ce potentiel inexploité, ne sont pas privés d’installer des centrales hydroélectriques au Népal afin de fournir en énergie leur propre pays. Quoiqu’il en soit, la combinaison de ces deux facteurs: manque d’investissement et consommation en augmentation ont conduit à la situation actuelle: plus de 11 heures par jour sans électricité, une coupure le matin et l’autre dans l’après-midi. La faute est rejetée sur le faible niveau des eaux dans les barrages mais voila, la mousson ne sera là qu’en juin. De si longues périodes de coupure ne sont généralement observées qu’à la fin de la saison sèche et non pas en plein hiver comme c’est actuellement le cas. Qu’en sera-t-il au mois de mai? Comment développer une activité économique dans une telle situation? Les groupes électrogènes sont peut-être la solution s’il n’y avait pas un petit problème…
Le problème de la pénurie énergétique a le même mal la Nepal Oil Company
Il y a aussi pénurie d’essence ! Celle-ci comme le gaz est importée d’Inde. Les files d’attente s’allongent devant les stations services. La vente est d’ailleurs réservée à ceux qui possèdent un véhicule, les autres doivent se fournir au marché noir, où bien sûr les prix flambent. Imaginez le casse-tête et le cout pour celui qui a son petit commerce. Et l’on comprends mieux que les machines à coudre ou les métiers à tisser entr’aperçus sur le pas d’une boutique soient encore manuels. D’ailleurs changer de bouteille de gaz relevait aussi du parcours du combattant pour l’utilisateur au mois de Février, le fournisseur indien ayant diminué la quantité de bonbonnes livrées. Et sans doute la quasi-totalité des cuisines népalaises urbaines (les autres sont au feu de bois) fonctionne au gaz. C’est donc des journées entières qu’il fallait passer pour avoir de quoi faire à manger. Les journaux se faisaient l’écho des témoignages de personnes obligées de se réfugier dans sa famille faute d’avoir pu échanger sa bonbonne vide contre une pleine. Ou encore des prises d’assaut de camions et des distributions sauvages du butin dans la rue. Le problème de la pénurie énergétique a le même mal: la Nepal Oil Company. Celle-ci détient le monopole de la distribution de l’essence et du gaz mais perds près de 11 millions d’euro par mois, la faute a une mauvaise gestion et à une tendance à la corruption. Alors forcément avec un tel trou dans le budget, il est difficile d’acheter plus que ce qu’on a en caisse. Le gouvernement népalais a fait un geste et débloqué un nouveau prêt qui devrait à court terme améliorer le quotidien des népalais.
Mais notre chandelle arrive à son terme, il nous faut donc écourter cet article alors que le ronronnement narquois du groupe électrogène du voisin résonne dans la nuit népalaise.
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