Il y a quelques années de cela, nous avons eu la chance de passer un week-end à Venise. Pas la Venise de l’Asie (Bangkok), ni celle du nord (Bruges), celle en Italie, la vraie, l’unique, celle qui a donc inspirée toutes ses rivales du monde ! Et il y a de quoi, tellement cette ville est à part dans la cartographie des lieux touristiques. Nous avions fait le choix économique – à l’époque – de voyager en train de nuit depuis Paris, et cette option n’existe malheureusement plus. C’est donc la bouche pâteuse, et les yeux encore un peu collés par le sommeil aléatoire de la nuit que nous avons découvert la Sérénissime. Et de tout le séjour, cela serait la dernière fois que nous ne les aurions pas grands ouverts devant les charmes de Venise !
Le train après son dernier arrêt continental à Venezia Mestre traverse les flots de la lagune pour rejoindre le centre historique. On s’attendrait à voir des gerbes d’eau de part et d’autre de la locomotive, tellement la voie ferrée semble étroite et posée sur l’eau. Et l’on s’imagine Neptune sur son char tiré par des hippocampes mécaniques lancés à toutes vapeurs. Quand le train s’immobilise en gare, l’excitation est déjà à son comble.
Le voyageur est jeté in media res
Et le voyageur est jeté in media res dans l’action: les canaux, les vaporettos et les gondoles, tout ce qui fait le charme de Venise attend bien sagement dès la sortie de la gare. Par expérience, les gares et leurs alentours sont toujours des zones de transition, un sas de décompression avant d’entrer dans le vif du sujet. Le paysage évolue alors, l’architecture se transforme au fur et à mesure que nous nous se rapprochons du ou des points d’intérêt et que nous quittons le rayon d’attraction de la gare. Pas de cela à Venise: les quelques marches descendues à la sortie de la gare suffisent à assurer la transition. Et c’est alors que le jeu commence: la découverte du labyrinthe de la ville, un enchevêtrement sans logique apparente de minuscules rues. Parfois, notre progression est stoppée par un canal, impossible de tricher dans ce cas: on ne peut pas sauter par dessus, ou passer en équilibre sur une planche posée entre les deux berges. Il faut alors s’y résoudre, il n’y a pas d’autres solutions que de faire demi-tour. Et c’est la mort dans l’âme que nous rebroussons chemin. Avoir le sentiment désagréable que l’on se joue de nous, d’être coincé dans un jeu de labyrinthe d’un magazine pour enfant.
Visiter Venise est un jeu
Parfois, la venelle débouche sur une place et son église, l’endroit parfait pour reprendre son souffle avant de replonger dans le dédale obscur. A d’autres moments, nous rejoignons le flot des autres touristes, on se laisse alors porter par le courant avant de nouveau bifurquer dans une rue qui nous fait de l’œil. Nous pourrions passer une vie à toutes les explorer, ces ruelles aguicheuses, promesses d’aventure de voisinage, de découverte de secrets futiles, de captage de l’essence même de la vie vénitienne. Accrocher du regard le camaïeu du linge qui sèche au balcon, surprendre une statue de saint nichée à la croisée des chemins ou caresser le chat des voisins qui se languit. Visiter Venise est un jeu, la ville un terrain de jeu, un escape game sans doute. Aucune autre ne peut proposer de tels chemins de traverses où les voitures sont remplacés par des bateaux, où pour traverser l’artère principale – le Grand Canal – il faut emprunter des traghetto (une gondole collective). L’Histoire est omniprésente, à chaque coin de rue, les images de cinéma aussi (les courses poursuites de James Bond dans les canaux), et l’imaginaire travaille donc à toute allure. Venise est certes une ville pour les amoureux mais aussi pour les rêveurs.
Et vous, êtes-vous déjà aller à Venise ? Quels en sont vos souvenirs ? N’hésitez pas à les partager en commentaire !