Saül : comment vit-on au fin fond de l’Amazonie ?

Découvrez avec nous, Saül, ce charmant village au fin fond de l’Amazonie, à 45 minutes en avion de Cayenne.
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Saül est décidément un village qui ne se laisse pas approcher facilement. Après avoir survolé la forêt amazonienne dans un petit coucou aux soubresauts inquiétants, le village ne se laisse découvrir qu’après une randonnée d’une vingtaine de minutes environ. Histoire de se mettre tout de suite dans le bain, car, après avoir été un village d’orpailleur, Saul s’est désormais reconverti en spot à randonneurs.

Le soleil ardent nous oblige à nous trouver un abri

Nous découvrons alors le village sous le soleil ardent d’un début d’après-midi du mois de novembre 2015, en pleine saison sèche. L’âme du village ne nous saute pas aux yeux, tellement nous sommes pressés de nous trouver un abri pour échapper aux brulures des rayons de soleil qui nous guettent. Ce qui nous frappe au premier abord, c’est l’absence de vie humaine dans le village et on le comprend aisément, car il faudrait être fou (ou touriste, comme nous) pour se promener à pareil heure dans les ruelles en latérites du village. Aussi, nous ne nous attardons pas à détailler par le menu les magnifiques maisons créoles qui arborent fièrement l’allée principale ou encore, les bâtiments publics dont le parfait entretien montre que la République est présente même dans ses terres les plus éloignées.

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La mairie de Saül, notez le drapeau de l’UE même aux confins de l’Amazonie!

Nous décidons de nous adapter aux coutumes locales et nous nous enfermons dans la chambre de notre auberge en attendant que le soleil nous soit plus clément. En fin de journée, nous émergeons enfin pour prendre le temps de la découverte. Nous sommes plus qu’agréablement surpris par la propreté et l’entretien du village. Ce règne de la propreté oblige d’ailleurs le quidam à se déchausser partout où il entre – même au restaurant et à l’épicerie locale. Les habitants espèrent ainsi épargner à leur intérieur la poussière de la latérite en saison sèche et la boue de la saison des pluies.

En fin de journée, le village reprend vie et se laisse visiter

Il n’y a aucun déchets qui traînent, les espaces verts sont entretenus, des plantes ornementales bordent les ruelles en latérites. Un terrain de volleyball est disponible devant l’église, dont les portes sont ouvertes en continu. La peinture des murs en bois du centre de santé semble flambant neuve. La maison du parc amazonien entretient un jardin de plantes médicinales. La gendarmerie, en bois comme toutes les maisons du village, est décorée d’inscriptions rappelant la distance entre Saul et les villes d’origine des gendarmes en proie au mal du pays. Le centre névralgique du village se situe à l’épicerie, ouverte sept jour sur sept, vers laquelle tous les villageois convergent après la longue pause du déjeuner. Des bancs et une table sont disponibles à l’entrée, et l’épicerie se transforme alors en café du village où les gens se réunissent autour d’une bonne cannette de n’importe quoi pourvu qu’elle soit fraîche. En face, une énigmatique bicoque affublée d’une pancarte « casino » écrite à la main restera fermée pendant toute la durée de notre séjour.

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Que la maison est loin!

A l’entrée du village, la présence des carbets des légionnaires nous rappellent que derrière le cadre idyllique de ce joli village en plein cœur de la forêt amazonienne se cachent d’autres enjeux de taille comme celui de la lutte contre l’orpaillage illégal ou la délimitation des frontières entre le Brésil et la France.

Quelques maisons sont cependant à l’abandon, on nous explique qu’elles le sont fatalement suite à un décès ou à un départ : à qui aurait-on pu vendre la bicoque ? Un cimetière d’électroménager a d’ailleurs élu domicile dans une de ces maisons abandonnées.

Derrière l’arbre « magnifique » – élu arbre de l’année 2015 en France – un nouveau village semble émerger, à l’écart du premier : s’agit-il des hmongs dont plusieurs familles sont venues s’installer il y a peu?

De la beauté du ciel étoilé

La première nuit, l’absence d’éclairage public plonge le village dans le noir, bien que nous ayons aperçu des lampadaires dans la journée. L’épaisse nuit tropicale est cependant altérée de-ci de-là au gré des particuliers qui doivent se débrouiller pour équiper leurs maisons en installations électriques. Certains, plus chanceux, se sont équipés en panneaux solaires, d’autres se contenteront d’un groupe électrogène, plus polluant à bien des points de vue.

Nous qui sommes de passage, nous nous délectons de cette absence de luminosité pour apprécier pleinement le ciel étoilé. Depuis que nous avons quitté Paris, nous avons, bien sûr, tous les soirs l’opportunité d’apercevoir la lune ou quelques étoiles, dont la lumière arrive facilement à franchir la barrière lumineuse de Cayenne. Cependant, rien n’égale l’expérience d’un ciel étoilé dans un site isolé. Toute la beauté et la puissance de la voie lactée s’exposent à « nu » et, nous réalisons alors combien nous ne profitons pas assez de ce spectacle pourtant quotidien et facilement accessible.

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Un casino dans Saül? Pour animer les nuits tropicales?

Une fête a lieu quelque part et les ondes de la musique peuvent se propager en toute liberté dans tous les recoins du village nullement entravées dans leur course par un quelconque obstacle urbain. Les bruits de la forêt nous parviennent également, mais plus étouffé, presque absent et l’on a du mal à s’imaginer en plein milieu de l’Amazonie. Preuve en est : il faut tendre l’oreille pour distinguer les célèbres cris des singes hurleurs.

Le mystère des lampadaires inutilisés est levé dès la deuxième nuit, où nous comprenons que l’éclairage public n’est allumé que le samedi soir. Donc, si nous avons retrouvé l’usage de la vue, notre ouïe est quelque peu perturbée par le bruit du groupe électrogène qui fait fonctionner l’ensemble.

L’excitation de se trouver en pareil endroit nous fait nous réveiller très tôt et c’est avec émerveillement que nous observons le jour se lever tranquillement : la vivacité des oiseaux au petit matin, le bruit des basses-cours du village ou enfin la brume s’échappant lentement de la forêt.

Une très belle journée s’offre alors à nous dans le joli village de Saül.

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