Nous n’avons quitté qu’à demi-regret Castara, ce village-retraite perdu au milieu de l’île de Tobago que nous avions choisi pour les vacances de Noël. C’est parce que nous nous faisions une joie de découvrir Port-of-Spain, la capitale de Trinidad-et-Tobago.
La perspective de l’abondance, si caractéristique des grands centres urbains, nous faisait envie. Il faut dire que notre curiosité avait été piquée au vif lors de notre voyage-aller pendant la courte escale à l’aéroport de Trinidad avec son immense hall débordant de boutiques, son ambiance de Noël, sa foule des grands départs… Nous nous plaisons en Guyane, mais nous n’oublions pas d’où nous venons… Il faut bien assumer la part de citadin qui sommeille en nous !
Étant en vacances depuis une semaine, nous avions perdu la notion de calendrier. Ce n’est qu’à posteriori qu’il nous est apparu combien il était illusoire de vouloir tant découvrir une ville un dimanche, qui plus est celui qui suit Noël…
Alors que nous constations, non sans un certain émoi, que toutes les boutiques, restaurants et bars étaient fermés, qu’il n’y avait pas un chat dans la rue, une violente pluie tropicale s’est abattue sur nous. Cette mesquine, nous a, à peine, laissé le temps de nous réfugier dans un abri de fortune.
Il était 9h du matin, notre vol était prévu à 19h… la journée promettait d’être longue…
Par chance, nous avions repéré un café miraculeusement ouvert sur la route… Malheureusement, nous nous en sommes lassés très vite devant le peu d’amabilité des vendeuses, certainement vexées de devoir travailler un 26 décembre pour quelques clients désœuvrés… Une accalmie nous incita à nous enfuir…
Au lieu d’abondance et de frénésie urbaine, ce que nous retiendrons de Port-of-Spain, c’est avant tout une ville fantôme, une ville humide et surtout, une ville très étendue, qu’il est difficile de parcourir à pied. Nous y aurons quand même vécu quelques scènes autant irréelles que surréalistes, comme celle où, alors que nous déambulions totalement seul dans les rues du centre ville, une colonne d’ouvriers chinois en bleus de travail a soudain débarqué dans notre champ de vision pour s’avancer tranquillement vers nous – en fait vers leur chantier – avec à la main, leur inséparable gourde de thé. Encore une fois, les chinois n’ont pas failli à leur réputation de travailleurs acharnés!
Ou encore celle où, nous avons été forcé d’attendre que la pluie cesse au bord de l’immense parc du Nord de la Ville – le Queen Park’s Savannah – censé être un lieu de rassemblement dominical, mais résolument désert, en face de splendides demeures à l’architecture tout droit sorti du temps des plantations – on les surnomme les « 7 merveilles » – nous donnant la curieuse impression d’avoir voyagé dans le temps.
Malgré ce contexte, nous avons été séduits par cette ville à l’architecture hétéroclite, entre maisons victoriennes et celles d’ouvriers aux couleurs vives, par ses grandes avenues débordantes de commerces en tout genre (dont les étonnantes boutiques de costumes de carnaval, qui est mondialement réputé à Trinidad), par ses places conviviales et à l’ombre salvatrice… Oui, il est probable que nos pas foulent à nouveau Port-of-Spain !