Pourquoi le carnaval de Guyane est le plus long du monde ?

Pendant plusieurs semaines, le carnaval est au centre de la vie guyanaise. Découvrez avec nous quels sont ses particularités!
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Un carnaval qui se vit sérieusement prend beaucoup de temps

Dès la nouvelle année, la durée du carnaval est dans toutes les conversations. En effet, celui de Guyane a la réputation d’être le plus long du monde. Il commence le dimanche suivant l’Épiphanie, le 6 janvier, et se termine le mercredi des Cendres, qui varie d’une année sur l’autre car il dépend du calcul de la date de Pâques.

Si notre premier carnaval en Guyane était très long – du 11 janvier au 5 mars 2014, soit 8 week-ends – depuis lors, la durée du carnaval ne fait que se réduire – 6 week-ends en 2015 et 5 week-ends en 2016.

Pour les passionnés du carnaval, sa durée n’est pas prise à la légère : entre les dancings du vendredi et samedi soir, les défilés du dimanche, sans oublier la préparation autant physique que matérielle, le carnaval peut occuper beaucoup de temps, d’énergie et d’argent !

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La balayeuse

Pour les indifférents à ces fêtes populaires, il sera bien difficile d’ignorer le carnaval de Guyane car il est vraiment encensé par tous les acteurs de la vie guyanaise.

Pour le citoyen lambda, il est l’occasion d’une période de joie et de fantaisie qui permet de s’extraire un temps des affres du quotidien. Pour les pouvoirs publics, il est porté à nue, car il est l’opportunité de parler de façon positive du territoire et de sortir des clichés sur la Guyane (l’enfer vert, le bagne et l’esclavage). Et pour finir, la presse locale n’a pas d’autre choix que de se faire l’écho de ce succès unanime.

Les personnages traditionnels du carnaval ou l’histoire du pays

Le début du Carnaval commence toujours par l’arrivée de sa majesté Vaval, le roi de la fête et donc du carnaval. Son apparence change d’une année sur l’autre, et son accoutrement est toujours très commenté localement. La maire de Cayenne, en personne, lui remet les clefs de la Ville lui transmettant ainsi provisoirement tout son pouvoir. Malheureusement, nous n’avons jamais eu la patience de l’attendre…

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les neg’marrons

Les autres personnages traditionnels du carnaval de Guyane empruntent beaucoup à l’histoire du pays. S’intéresser à eux permet d’identifier les évènements historiques clés qui ont forgé l’identité guyanaise. Nous avons fait une sélection des personnages les plus emblématiques, mais la liste est bien plus longue. A ce titre, il ne faut pas rater le défilé en costume traditionnel, qui a lieu, en général, le troisième dimanche du carnaval.


Les balayeuses : Coiffées d’un foulard et vêtues d’une robe généralement bleue. Elles balayent les rues avec leur balais coco, balais créole symbole conventionnel du nettoyage, de la purification. Les balayeuses font partie intégrante du Carnaval, car elles rappellent les bons usages dans les familles guyanaises.

Les Coupeurs de Cannes : Vêtu d’un pantalon, torse nu, nu pieds et armé d’un coutelas, ce personnage représente tous les coupeurs de cannes de la Guyane et rappelle une époque où la coupe de la canne à sucre était une activité économique importante pour la Guyane.

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masque de la balayeuse

Les « Neg Marrons » : le corps dénudé, enduit de boue ou d’un mélange de suie et d’huile, ils rappellent la période esclavagiste du marronnage et circulent de part et d’autre des trottoirs pour assurer le service d’ordre en noircissant celui qui entrave leur passage ou qui ne respecte pas la séparation entre défilé et spectateurs. Ce personnage spécifique de l’histoire de la Guyane représente l’esclave qui s’est évadé et qui se cache dans la forêt. Il porte à la bouche le fruit rouge de l’aouara (fruit de palmier), qui symbolise la liberté dans les grands bois ainsi que la contestation de l’esclavage.

Le “jé farine”: le costume est composé d’une coiffe sous forme de long cornet multicolore saupoudré d’étoiles. Il est habillé de blanc et porte un tablier équipé d’une grande poche ventrale contenant de la farine. Cette tenue parodie la Mélusine, la fée de l’abondance. Ce personnage symbolise la vie, la joie de vivre et la gaité.


 

 

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jé farine

Les jours gras ou la dernière ligne droite

L’apothéose des cortèges de rue se situe pendant les jours gras. D’un point de vue religieux, ils doivent être une période de réjouissance avant le carême. D’ailleurs, ces trois jours de défilés sont chômés dans la plupart des entreprises guyanaises.

Les codes vestimentaires y sont bien rodés. Le lundi, le thème du mariage burlesque fait l’apologie du travestissement : les hommes se déguisent en femmes et les femmes en hommes. Il faut voir avec quelle élégance et style certains hommes se travestissent, comme si, ce jour-là, les guyanais pouvaient enfin donner libre cours à leur part de féminité…

Le mardi est consacré aux diables rouges : habillés de rouge et de noir avec des cornes et une longue queue, les diablotins s’amusent encore une fois avant la mort du roi Vaval.

Le mercredi, c’est le défilé des diablesses, tout le monde doit s’habiller en noir et blanc pour porter le deuil du roi Vaval. La tradition veut que des pleureuses accompagnent le roi Vaval vers son bûcher.

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Un peu de carnaval de Rio en Guyane

Il ne faut pas manquer non plus la grande parade du littoral de Kourou qui a la réputation d’être plus majestueuse et mieux organisée que les défilés de la ville capitale. Elle est aussi l’unique occasion de voir des formations de danseurs brésiliens. Tout le monde reste bouche bée devant les jolies brésiliennes en tenue légère, qui dansent aux rythmes Samba ou Bossa Nova. En extrapolant un peu, on pourrait presque se croire au Carnaval de Rio !

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