Les marchés de Paramaribo

Le marathon des marchés du dimanche matin de Paramaribo

Un des principaux attraits de Paramaribo consiste à déambuler dans les multiples marchés qui parsèment la ville. La plupart se déroulant uniquement le dimanche, il faut se tenir prêt à un véritable marathon pour avoir la chance de pouvoir tous les faire !

Si les marchés constituent autant une attraction touristique à Paramaribo, c’est qu’ils sont, pour la plupart, communautaires. En effet, l’histoire du peuplement du Suriname, en étroite liaison avec sa colonisation, a conduit à un important multiculturalisme : chinois, indiens, javanais, noirs-marrons, créoles, amérindiens composent la population des surinamais.

Aussi, marchés chinois, indonésiens, attendent le visiteur curieux de les découvrir. Pour notre part, nous avons privilégié le marché chinois, le plus proche du centre historique. Il n’est pas très grand mais il est définitivement un concentré de la République Populaire de Chine ! On y trouve tous les en-cas possibles et imaginables qui nous faisaient tant saliver lors de notre séjour en Chine : ravioli, pain de riz fourré, petites crêpes garnies, etc.

Pain de riz fourré au marché chinois

Cette sortie au marché, pour la communauté chinoise, à notre grand étonnement, constitue également l’occasion de se montrer sous son plus bel atour. Alors que l’installation elle-même du marché est plutôt vétuste – il y fait sombre, chaud, le sol est souvent boueux – cela n’empêche pas ces dames de se vêtir de leur plus belle robe, de leurs plus ravissants bijoux, le tout chaussé de talons-aiguilles à s’en tordre les chevilles. Des chauffeurs attendent les notables chinois à bord de 4×4 étincelant et se tiennent prêt à ouvrir la porte à leurs clients, encombrés de courses. Comme à chaque fois qu’un oasis de richesse se présente, les mendiants attendent patiemment qu’une âme charitable leur accorde une petite pièce, à la sortie du marché.

Un marché aux puces qui porte mal son nom

Notre attention s’est ensuite portée sur le marché aux puces qui longe une longue rue passante, à l’extérieur du centre ville. Nous avons été un peu déçus, non pas par la diversité des étals que propose le marché, mais par le flux ininterrompu de voiture qui gâche un peu la balade. Ce marché porte mal son nom, car nous y avons majoritairement trouvé des produits alimentaires, qui sont les mêmes qu’en Guyane, à part le crabe de mangrove, que l’on trouve très rarement sur le marché de Cayenne. Le soin apporté dans la présentation des produits cache mal la relative pénurie que nous renvoie ce marché aux centaines de petits vendeurs.

On vend du crabe de mangrove au marché central

A un moment, la chaleur, intenable, a fini de nous lasser et nous avons, miraculeusement, trouvé refuge dans un supermarché qui croisait notre route. L’ambiance climatisée nous a vite ranimé et nous avons pu constater combien le Suriname, à l’image de la Guyane française, restait dépendant des Pays-Bas : la plupart des produits manufacturés proposés, dans ce luxueux magasin, provenaient d’Europe, d’où les prix, qui ne nous semblaient pas aussi bon marché que la réputation du pays.

N’oublions pas le marché central et ses dédales d’étals en tout genre…

L’expérience de marché la plus unique reste évidemment l’immense marché central qui se trouve en bord de fleuve, dans le centre ville. On peut facilement se perdre plusieurs heures dans le dédale d’étals et de halles que compose le marché. A chaque visite, on commence toujours par les allées extérieures, pour pouvoir mieux se protéger du soleil ardent, par la suite, dans la démesurée halle centrale.

Les allées extérieures donnent directement sur le fleuve, et quand la vue n’est pas bouchée par des bazars encombrés en tout genre, la fenêtre sur le fleuve qui est offerte ne manque de nous subjuguer. Se superposent alors l’image du fleuve avec de multiples poissonneries à ciel ouvert, comme si le poisson venait d’être pêché par cette ouverture directe sur le fleuve. On alterne ensuite étals de légumes et fruits avec ceux de viande, poisson, volailles vivantes, le tout dans un joyeux capharnaüm qui ne manque de nous combler !

Au Suriname, on mange épicé!

De retour dans la halle centrale, nous cheminons de part et d’autres des étals qui proposent peu ou prou les mêmes produits agricoles observées à l’extérieur.

A l’étage, on trouve de nombreux produits manufacturés : prêt à porter, tissu, art de la table, le tout confinés dans de toutes petites boutiques en bois. La concurrence des « mall » a certainement porté un coup dur à ces petits commerçants, la plupart des espaces de vente n’étant plus occupé. Un petit coin d’Inde persiste avec ses boutiques d’épices et de produits religieux – vendant la panoplie la plus complète d’offrandes pour réaliser la meilleure des pûja. Une délicieuse odeur d’encens mêlé de curry nous propulse alors dans ce pays aux multiples facettes.

Vue sur le marché central en hauteur

Où il est possible de trouver refuge dans des restaurants en miniature

En redescendant à l’étage inférieur, nous nous collons à la rambarde un moment afin d’observer le spectacle de la halle centrale : le brouhaha permanent, le va-et-vient incessant des clients et les prouesses des vendeurs pour attirer le consommateur. Sur les côtés, des dizaines de restaurants minuscules proposent des « plats fait maison », fraîchement cuisinés par leur propriétaire sous nos regards d’experts. Ces petites boutiques sont alors autant de cocon qui permettent de se reposer de l’agitation générale du marché. Il n’y a guère de place pour plus de 4 ou 5 clients, assis sur des tabourets à taille d’enfants. L’étroitesse des boutiques oblige à un rangement méticuleusement organisé, qui force l’admiration.

Plusieurs heures sont passées depuis notre entrée dans le marché central, notre visite se termine… jusqu’à la prochaine fois !