La pluriethnicité du Suriname est le résultat de la colonisation anglaise et hollandaise
L’histoire de la colonisation du Suriname est à l’origine de la pluriethnicité du pays qui nous a tant frappé au premier abord lorsque nous avons posé nos valises à Paramaribo. Alternativement colonie anglaise et hollandaise, le peuplement du Suriname s’est fait au gré du bon vouloir de ses colonisateurs, qui souhaitaient avant tout développer les plantations agricoles. Comme dans tout le bassin des Caraïbes, le Suriname a donc d’abord « accueilli » des africains issus de la traite négrière. Avec l’abolition de l’esclavage, les planteurs se sont tournés vers l’importation de nouvelles populations devant servir de main d’œuvre dans leurs champs de canne à sucre, essentiellement.
C’est comme ça que, javanais (15% de la population), indiens (dit « hindoustanis » : 27% de la population) et chinois (1,8%) font désormais partie à part entière des surinamais. Le reste de la population se composent des noirs-marrons – les descendants d’esclaves fugitifs – (15%) des créoles (18%) et des amérindiens (3,7%).
A Paramaribo même (qui concentre 50% des surinamais), nous n’avons pas vu d’amérindiens, qui sont, après tout, les peuples premiers du Suriname ! Ils continuent à vivre en forêt amazonienne qui couvre 85% du territoire. L’histoire se répète en Guyane, où il est très rare de croiser des amérindiens dans Cayenne, même s’il existe des villages communautaires sur le littoral (Sainte-Rose de Lima à Matoury, village Favard de Roura, village amérindien de Kourou, etc.). Heureusement, les journées des peuples autochtones sont là pour nous rappeler qu’à l’origine la Guyane était peuplée d’amérindiens…
Comme dans tous les pays du Nouveau Monde où le peuplement ne s’est pas fait de façon « naturelle », il est toujours étonnant de constater que ces habitants déplacés contre leur gré se soient implantés durablement et surtout qu’ils aient pu conserver leurs us et coutumes, vieilles de parfois plusieurs centaines d’années après le premier mouvement de population.
la diversité religieuse est la preuve de la grande tolérance des surinamais
Cette diversité ethnique se ressent évidemment au niveau de l’architecture religieuse. A ce titre, le Suriname nous fait un peu penser à la Malaisie que nous avions traversé pendant notre tour du monde, de par la diversité de ces lieux de culte. Ils sont moins manifestes qu’en Malaisie, car la population de Paramaribo (250 000 habitants) n’est évidemment pas la même que Kuala Lumpur (1,6 millions d’habitants).
La religion hindou (27% de la population), avec ses Dieux aux formes animales, est la plus visible. Il nous a semblé reconnaître Hanuman, le dieu à la tête de singe, dont la statue placée juste à l’entrée de l’immense pont, qui enjambe le fleuve Surinam avant d’arriver à la capitale, semble faire de lui le gardien de Paramaribo. D’autres temples hindous sont disséminés dans toute la ville. Nous avons pu nous y rendre dans quelques uns en taxi. Malheureusement, ils étaient fermés au public. On suppose qu’ils sont assidûment fréquentés de par la multiplicité des échoppes religieuses du marché central de Paramaribo.
La religion musulmane (20%) est aussi bien présente sur le territoire, du fait des indonésiens. Nous n’avons, cependant, pas entendu d’appel à la prière. Petite originalité qu’il convient de souligner : dans le centre de Paramaribo, une superbe mosquée est la voisine d’une synagogue ! Voilà qui est une belle marque de tolérance religieuse !
Côté religion catholique (23%), on ne peut passer à côté de la magnifique cathédrale Saint Petrès et Paulus, classée patrimoine mondial de l’humanité. Elle constitue le plus grand bâtiment religieux en bois d’Amérique du Sud ! Elle vient d’être rénovée et le travail sur le bois est tout simplement époustouflant. Il est très difficile de pouvoir la visiter, car la tenue vestimentaire autorisée est des plus improbables sous les auspices tropicaux (pantalon et manche longue). Heureusement, il est très facile d’y jeter un œil bien circulaire depuis la porte d’entrée qui reste ouverte.
Il y a aussi quelques temples réformés dans le centre historique – le Suriname compte 25% de protestants – qui se confondent avec les maisons de type colonial hébergeant aujourd’hui les ministères du gouvernement national. Également, dans la périphérie de la ville, les églises évangéliques semblent se développer, selon un phénomène bien commun dans toute l’Amérique du Sud et qui n’épargne pas la Guyane.
Bref, ce bouillon de culture ne manque pas d’étonner!