Quand deux dessinateurs, plus habitués à leurs ateliers climatisés, se prennent l’envie d’un séjour en forêt tropicale, cela donne une BD tout en drôlerie, entre plaisanteries et autodérision, qui rend l’ouvrage d’une fraîcheur et sincérité fort sympathique. Le pari de départ, qui était de rendre la forêt amazonienne moins anxiogène à un public novice (il fallait déjà convaincre les propres dessinateurs!), est plutôt bien réussi. En bonus, grâce à leurs deux acolytes qui leur servent de guide en forêt, les auteurs partagent également des anecdotes totalement hallucinantes sur des parties de chasses africaines qu’un de leur copain a pu vivre pendant une enfance en Afrique (la description de la chasse au python mérite à elle-seule la lecture de l’ouvrage!).
Pour nous qui sommes résidents en Guyane, nous trouvons que les auteurs ont parfaitement su retranscrire l’ambiance des séjours en forêt: le calme, la sérénité et surtout l’humilité que l’on peut ressentir face à la Nature et cette envie que l’on a de la comprendre et de la décrypter. A ce titre, on ne peut qu’admirer les compères des auteurs, grâce à qui cette expérience s’est transformée en aventure, qui s’y meuvent “comme des poissons dans l’eau”.
Comme les auteurs nous l’ont expliqué en dédicace, il n’était pas possible de ne pas évoquer la problématique de l’orpaillage illégal qui teinte la BD d’une gravité jusqu’alors absente. Et où il s’avère qu’en plein cœur de la forêt amazonienne, le territoire n’est pas si “vierge” que cela. L’exploitation illégale de l’or demeure un enjeu de taille pour la Guyane, quoi qu’inextricable, que ce soit pour la conservation de l’environnement ou tout simplement pour la sécurité du “simple” promeneur du dimanche.
Et nous comprenons alors que le véritable danger en forêt reste et sera toujours l’homme!