Profitant du long week-end de Pâques, nous sommes allés explorer Saint-Laurent-du-Maroni, dénommée « la capitale de l’Ouest Guyanais ». La ville et ses alentours offre un tout autre visage de la Guyane à tous les points de vue : population, végétation, patrimoine, etc.
C’est la troisième fois que nous nous y rendons, et y avons pris nos petites habitudes. A ce titre, nous vous livrons « nos incontournables » de Saint-Laurent :
Déambuler au marché
Le marché de Saint-Laurent du samedi matin est une véritable institution pour les saint-laurentais. C’est l’évènement du week-end et il est fréquent d’y croiser ses collègues, amis, famille, etc. C’est un marché étonnant à tout point de vue : animé, coloré, abondant, les prix y sont imbattables par rapport à Cayenne. Les produits proviennent principalement du Suriname où le coût de la vie y est moins cher. On y trouve également des produits plus difficiles d’accès à Cayenne comme la boisson fétiche des amérindiens, le cachiri (bière à base de manioc) ou encore du poisson boucané, des noix de coco à siroter tranquillement pendant qu’on déambule entre les étals.
Il y a également une concentration incroyable de vendeurs de « sinobol » (glace pilée et tassée arrosée de sirop), qui sont autant d’« oasis » dans la chaleur ambiante. La diversité des sirops proposés promettent de riches expériences gustatives ! Et quel plaisir que d’observer la préparation de la boisson : avec quelle dextérité le vendeur manie sa « rape » à glace, avec quelle ingéniosité, il la tasse dans le gobelet et petite touche finale, avec quelle imagination, il « dessine » la glace en y ajoutant les sirops. A ne rater sous aucun prétexte !
On termine généralement la balade par les halles du Marché qui proposent de la restauration rapide. Nos papilles ne résistent pas longtemps à l’odeur alléchante des soupes chinoises et autres mets locaux. Il y règne une ambiance de cantine et, qui plus est, les halles constituent un refuge incontournable à la chaleur de la mi-journée.
Admirer le coucher de soleil sur le Maroni
Passées les heures les plus chaudes, c’est un vrai régal que d’aller prendre la fraîche au bord du fleuve à contempler le coucher du soleil, avec le Suriname en ligne d’horizon. Toute la population de Saint-Laurent se retrouve d’ailleurs sur les berges du Fleuve le long d’une fort sympathique promenade au bord de l’eau. Celle-ci a pour point de départ l’admirable résidence du sous-préfet de Guyane pour se terminer à l’office de tourisme de Saint-Laurent.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, à pourtant 30 km de l’embouchure de l’océan Atlantique, le Maroni est soumis aux horaires des marées, tant et si bien, qu’on a réellement l’impression d’être au bord de la mer avec le bruit caractéristique du clapot ainsi qu’une brise légère rafraichissante.
Nous avons choisi de nous attabler au « point couleur » pour observer à notre guise le spectacle du coucher de soleil sur le fleuve. Cette échoppe propose de très bons jus locaux ainsi que de délicieux beignets brésiliens (« coixhinias », choisir de préférence ceux au jambon-fromage) et, autre avantage imparable pour déguster en paix cet apéritif bien mérité, des jouets pour enfants en libre-service !
Déguster des soupes chinoises au marché de Javouhey du dimanche matin
Le dimanche midi, nous n’avons pas manqué l’incontournable soupe de Javouhey, le « Cacao » de Saint-Laurent. Javouhey, village hmong de l’Ouest Guyanais, s’endimanche le jour du marché : les gens de la « Ville » (Saint-Laurent, à 45 mn en voiture), ne manque pas ce rendez-vous, pour le moins dépaysant.
Même s’il est tout petit, le marché de Javouhey n’en n’est pas moins intéressant, car on y trouve des produits agricoles inédits : comme des cerises- pays (à déguster en jus), très peu disponible par ailleurs ou hors de prix, ou encore des caïmites, étranges fruits ronds à la pulpe gélatineuse, ou enfin des corossols, en temps normal uniquement disponibles dans l’intimité des jardins privés.
Pour les amateurs d’artisanat, les anciennes du village proposent d’innombrables confections (sacs, porte-clefs, jupe, pantalon, nappe, taie d’oreiller, etc.) aux couleurs vives et aux décors asiatiques, rappelant le paradis perdus des hmongs guyanais. En observant les vendeuses, on peine à croire aux rumeurs d’importation thaïlandaise… mais le doute est maintenant installé…
Nous terminons notre balade dans le village, par la dégustation d’une soupe chinoise dans l’un des innombrables boui-bouis du marché.
Se balader le long de la Mana
Proche de Saint-Laurent, la petite ville de Mana mérite également le détour. Le centre historique, concentré aux bords de la rivière Mana présente de nombreuses maisons créoles traditionnelles, bien mieux conservées qu’au centre de Cayenne, pourtant la ville-capitale ! Il est donc agréable de s’y promener pour observer cette architecture typique des « caraïbes », qui a le double avantage d’utiliser les matériaux locaux et de s’adapter au climat tropical. Les maisons, majoritairement en bois, proposent de nombreuses persiennes, pour la ventilation, et auvents pour protéger de la pluie et du soleil. En général, colorées et sculptées avec soin, ces maisons, quand elles sont en bon état, constituent de véritables joyaux.
Mana présente un nouveau centre d’intérêt : le Centre d’art et de recherche de Mana, le CARMA. Il a ouvert récemment ses portes et propose de valoriser la richesse des arts et artisanats de Guyane. On retrouve donc exposé, dans une immense bâtisse au plafond très haut, l’art et artisanat bushinengué, amérindien, hmong, etc. Le pari est plutôt bien réussi.
Il est déjà temps de repartir, la route est longue jusqu’à Cayenne !