Découverte d’Apatou, village Bushinengue

Découvrez Apatou village Bushinengue, au bord du fleuve Maroni, et accessible par la route depuis seulement 2010 !
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Apatou, désormais à 45 minutes en voiture de Saint-Laurent

Nous avons profité de notre séjour à Saint-Laurent, pendant le week-end de Pâques, pour nous rendre dans la dernière commune de Guyane accessible par la route, depuis seulement 2010. Auparavant, on se rendait à Apatou en deux heures de Pirogue depuis Saint-Laurent. La route a apporté avec elle les promesses d’un désenclavement géographique et économique et aujourd’hui, le village ne se situe plus qu’à 45 minutes en voiture de Saint-Laurent.

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Façade de la gendarmerie décorée d’art tembé

Malheureusement, cette route est déjà bien abîmée par le climat tropical. Slalomant entre les nids de poules, nous restons impressionnés par la prouesse de l’ouvrage tout en nous demandant pendant combien de temps, la latérite des bas-côtés, seulement retenue par un agencement en escalier, va supporter la force des pluies tropicales qui s’abat sur elle plusieurs mois dans l’année. De temps à autres, quelques débuts d’écoulement de terrain finissent de nous inquiéter.

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Le coiffeur d’Apatou

L’arrivée sur la commune surplombe un bel ensemble architectural en bois qui se révèle être le nouveau collège d’Apatou (encore en travaux). La construction scolaire est magnifique et impressionnante par sa taille : la commune n’abrite que 7 000 habitants. En nous baladant dans le village par la suite, nous sommes encore surpris de compter au moins 4 écoles primaires. Nous comprenons alors que les établissements scolaires rayonnent sur un bassin de population bien plus vaste que la seule commune d’Apatou. Le panneau à côté du point d’information touristique arbore d’ailleurs fièrement des photos de pirogues pleines d’écoliers se rendant à l’école, un transport scolaire peu commun dans la République Française !

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Bords du Maroni à Apatou

Très vite, nous débouchons sur le fleuve (toujours le Maroni), dont la majestuosité et l’omniprésence impressionne. A cette heure de la journée, nous croisons peu d’habitants sur la magnifique promenade de bord de fleuve. Quelques enfants de ci-de-là ou des adultes se rafraichissent dans le fleuve pour résister à la chaleur écrasante de ce milieu de journée.

Un petit bout d’Afrique

C’est en nous enfonçons un peu dans le village que nous faisons une découverte pour le moins déconcertante : un petit bout d’Afrique perdu au milieu de l’Amazonie !
Le village d’Apatou est peuplé majoritairement par les descendants des « noirs-marrons », ces esclaves fugitifs des plantations de la Guyane Hollandaise (maintenant le Surinam) et réfugiés de l’autre côté de la frontière, le long du fleuve en forêt amazonienne. Il est assez surprenant de constater qu’après presque 4 siècles depuis le début de l’esclavage, ces populations d’origine africaine semblent conserver les us et coutumes de leur continent d’origine.

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Linge qui sèche

L’organisation de la vie collective, l’agencement des « maisons » (qui s’apparentent plus à la définition de bicoques), les jeux des enfants nous plongent au cœur des villages africains que nous avions pu observer lors de notre séjour au Sénégal : la lessive à la main avec l’eau du fleuve, le linge qui sèche n’importe où (sur les grilles du stade), les enfants en couche culotte et pieds-nus à jouer dans la poussière, le robinet d’eau potable qui sert à tout le village, les poules qui se mélangent aux habitants et qui gambadent en toute liberté (mais pas le singe apprivoisé attaché à un poteau), etc…

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Solidarité avec la métropole

Petite touche de solidarité des habitants d’Apatou avec la métropole (qui nous semble plus loin que jamais) : un « je suis Charlie » écrit au crayon sur le mur de ce qui s’apparente être une échoppe.
Nous continuons de déambuler, un peu gêné d’être autant mêlé à l’intimité des habitants. Le chemin débouche sur l’Eglise, imposante demeure, parfaitement bien ventilé grâce aux persiennes, et décoré de motifs « tembé » (art noir-marron). Les livrets de prière sont en taki taki. A l’inverse des bicoques des particuliers, les bâtiments publics sont impressionnants par leur taille et leur bon entretien. Malgré la distance et la différence culturelle, la République Française a bien réussi à apposer sa marque dans ce recoin de l’Amazonie : écoles, mairie, gendarmerie, centre de santé : les pouvoirs publics y sont bien implantés.

Après cette parenthèse étonnante, nous voilà déjà reparti vers le littoral Guyanais.

 

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