Nostalgie du train

En réfléchissant ce qui caractérisait la période de Noël pour la rédaction de l’article précédent, il est aussi venu à notre esprit un autre fait marquant. Lorsque nous étions en métropole, chaque vacances de Noël commençait par un voyage en train et par l’épreuve d’affronter la foule grouillante de la Gare de Lyon dans ce qui est sans doute son pic d’affluence annuelle. Alors que nous sommes condamnés à utiliser une voiture depuis que nous sommes en Guyane, la pensée vagabonde m’a emmené, de fil en aiguille, à considérer, avec un peu de nostalgie, tous ces voyages en train qui nous ont conduit partout en France. Que d’heures de douce flânerie à regarder défiler le paysage par la fenêtre ! C’est toujours le voyage aller qui est le meilleur, évidemment. Quitter la région parisienne et ses barres d’immeubles, le train s’extirpe de Paris pour entrer dans la Beauce et ses vastes plaines puis découvrir toujours avec un grand étonnement combien les paysages de la France sont divers et variés.

La garrigue tant attendue

Les trajets pour aller dans le Sud, à Montpellier en particulier, resteront ceux qui m’auront le plus marqués. Il suffit de mettre un pied dans le train pour que le dépaysement commence déjà, grâce à l’accent musical du contrôleur qui annonce le départ du train. A partir de Lyon, le paysage commence à changer : les vallons du “Nord” de la France laisse leur place à la vallée du Rhône qui nous enchante par ce qu’elle nous laisse entrapercevoir les montagnes à l’horizon. La grisaille fait aussi place au beau ciel bleu.  Ce n’est vraiment qu’à partir de ce moment-là que l’on se détend complètement et que l’on oublie pour quelques jours le stress de la vie parisienne A l’approche de Valence, la chaîne des Alpilles nous indique que nous entrons dans le Sud. Puis, commence le paysage typique des Cévennes et sa garrigue clairsemée Et, en plein été, le chant envoutant des cigales semble parvenir à percer le bruit du train.

Que d’anecdotes à raconter, si je ne devais en choisir qu’une ce serait celle-là :

Celui d’un trajet Paris-Montpellier à la veille de Noël, où la neige avait complètement perturbé le trafic. Il y avait énormément de monde à la Gare de Lyon, comme toute veille de vacances, mais le phénomène était accentué par les nombreux retards de trains, voire des annulations. L’ambiance était électrique, avec des mouvements de foule à chaque annonce SNCF.  Tant et si bien que j’avais sauté dans le premier train en partance pour Montpellier de peur de ne jamais pouvoir m’y rendre. J’ai donc passé les 3 heures de trajet dans les escaliers (les trains pour Montpellier sont à étage) juste à côté des WC à l’odeur peu alléchante… Heureusement, ce genre de situation est plutôt propice aux rencontres, et j’avais passé tout le voyage à discuter avec un ancien sportif de haut niveau en kayak reconverti en photographe de mode. Après l’avoir longuement écouté, nous avons fini par jouer aux cartes et le temps est passé si rapidement que j’ai ressenti une légère pointe de déception en entendant l’annonce de la gare de Montpellier. Finalement, je m’étais bien plus amusée que bien des trajets, certes confortables, mais solitaire !