Que c’est dur de ressentir la magie de Noël en short et en claquette!
Alors que la saison des pluies tarde à commencer et que les températures sont toujours au-dessus de 35 degrés, nous avons bien du mal à ressentir la magie de Noël ! L‘éloignement de la famille et la relative absence des décorations de Noël à Cayenne constituent des facteurs supplémentaires de notre indifférence face à cette tradition pourtant bien ancrée dans nos mœurs auparavant (depuis notre installation en Guyane, nous n’avions jamais manqué cette fête familiale !)
Ce n’est vraiment que lorsque nous faisons nos courses dans les grandes surfaces que la période des fêtes de fin d’année nous saisit au vol. Les étals rivalisent alors d’ingéniosité pour faire coexister les traditions culinaires de France (fois gras, huitres, chocolat – à conserver au réfrigérateur) avec celles d’ici (le jambon de Noël, les crabes de mangrove, boudins créoles, morue séchée, etc. ). Il est en effet important de satisfaire la diversité culturelle de tous les peuples de Guyane!
Le Père-Noël, en personne, fait même son apparition dans les galeries marchandes pour les usuelles séances photos, heureusement pour lui climatisées, car il ne pourrait décemment pas quitter son costume rouge et blanc !
Pourtant, force est de constater qu’il existe bel et bien une tradition de Noël en Guyane, mais nous n’arrivons tout simplement pas à associer « chaleur » et « Noël », cela dépasse notre entendement !
Le chanté Nwèl est une tradition locale très accessible aux non initiés
A commencer par exemple par les chanté Nwèl : autrefois dans l’intimité des foyers, cette tradition du chant est devenue peu à peu un spectacle de rue qui se joue partout en Guyane, durant tout le mois de décembre. Nous avons eu la chance d’assister à un Chanté Nwèl à la bibliothèque départementale et nous avons été conquis ! Une ancienne a tout d’abord introduit la chorale en expliquant comment se passait les Chanté Nwèl de son enfance : à savoir pendant toute la période de l’avent, tous les soirs, les familles se retrouvaient chez les uns et les autres pour fêter ensemble, en chantant, l’arrivée du petit Jésus, avec l’espoir, en retour, qu’il bénirait alors leur foyer.
Aujourd’hui, il nous semble que le chanté Nwèl n’est plus pratiqué systématiquement dans l’intimité des familles, mais qu’il fait maintenant partie du folklore. Les chanteurs sont habillés de façon traditionnelle, et leur chant est accompagné de tambours. Les paroles sont en créole et, même si nous ne comprenons pas cette langue, nous nous laissons facilement envouter par l’harmonie des chants, leur polyphonie et la beauté de la chorale dans son ensemble.
Sans oublier le marché de Noël, avec des jus de fruit frais en guise de vin chaud!
A l’approche de Noël, il est aussi de tradition que les notables politiques locaux proposent à leurs administrés des animations festives pour leur souhaiter de joyeuses fêtes. Cette année, avec en toile de fond la collectivité unique et la redistribution des pouvoirs qu’elle implique, les trois acteurs principaux ont essayé tant bien que mal de se faire le plus remarquer.
Nous n’avons assisté qu’à la fête organisé par le Département : un marché de noël sur 3 jours, au jardin botanique. En guise de vins chauds, ce sont plutôt de délicieux jus de fruits locaux qui sont proposées : cerise pays, oseille pays, maracudja, cupuaçu, eau de noix de coco, prune de cythère, etc. Etaient aussi disponibles, d’énormes châteaux gonflables pour le plaisir des enfants, une scène ouverte avec des chants traditionnels, et de nombreux stands proposant des cadeaux artisanaux des plus originaux : comme des bouquets de fleurs en écaille de poisson, travaillés avec une minutie extrême, les sempiternels colliers amérindiens ou enfin du prêt à porter en wax.
Nous espérons que vous avez passé un joyeux Noël!