L’immigration chinoise en Guyane

C’est un sujet que nous voulions aborder depuis longtemps mais l’excellent magazine “Une Saison en Guyane” nous a devancé avec son numéro de février 2014 et son dossier consacré aux chinois de Guyane. Profitons donc que toutes les recherches fastidieuses aient été faites par d’autres pour en parler.

Couverture du magazine Une Saison en Guyane

L’histoire de l’immigration chinoise en Guyane débute en 1817 au sortir de l’occupation portugaise. Pour redynamiser et repeupler la colonie, les administrateurs conseillent au ministre de faire venir 200 chinois afin de développer la culture du thé. Malheureusement, l’expédition chargée de les recruter sera un échec, et quand le navire accoste en 1820 à l’ilet le Père, ils ne sont que 27 chinois à descendre du bateau. Les difficultés pour les engager furent telles qu’il fallut aller jusqu’aux Philippines pour les trouver. Ils sont relégués dans une habitation isolée près des marais de Kaw avec peu de vivres et pour mission de remettre l’exploitation en état de fonctionnement. Le résultat ne se fait pas attendre est au bout d’un an, ils ne sont plus que 4 à être en état de travailler (10 décès, et les autres infirmes ou blessés). Devant l’échec de cette tentative, le gouverneur les rapatriât à Cayenne, où ils seront mis au service de l’administration de la colonie et où petit à petit ils disparaitront dans l’anonymat le plus complet.
En 1860, cent autres chinois arrivent en Guyane après une escale en Martinique où le gouverneur en avait commandé, pardon “engagé” 476 à des maisons de recrutement de Canton. Le marché du travail étant ce qu’il est en Martinique à cette époque, il ne sait trop quoi faire de toute cette main d’oeuvre et préfère expédier le trop-plein en Guyane. La Chine est alors en pleine guerre de l’Opium avec les grandes puissances colonisatrices et il est désormais possible pour elles d’engager des travailleurs chinois. Néanmoins, la seconde greffe ne prends pas mieux que la première.

Association Fa Kiao des chinois expatriés de Guyane – Place des Amandiers – Cayenne

Mais il semblerait d’après le président de l’association des chinois expatriés de Guyane, que les Guerres de l’Opium soient tout de même à l’origine de la première installation de Chinois en Guyane. Il s’agissait de chinois Hakka fuyant la guerre de 1860. L’autre foyer d’immigration est la ville de Qingtian (province de Zheijang, “près” de Shanghai) et pour celui-ci l’histoire est bien connue. Dans les années 20, M. Kuo quitte le tranquille village de Qingtian non pas pour des raisons économiques mais plutôt familiales. Il arrive au Brésil et remonte ensuite jusqu’à Cayenne où il va créer un magasin de photo. A partir de là, il va faire venir un premier ami qui lui même en fera venir d’autre et au final c’est tout une communauté du Zheijang qui s’installe en Guyane. Ce sont eux qui développeront les bazars et petits commerces.
Dans le magazine Une Saison en Guyane, le reporter a entrepris un circuit en Chine sur les pas de ces deux communautés, créant des ponts entre Shenzhen et la Guyane. Malheureusement pour lui, il ne pourra pas rencontrer le fils de M. Kuo.
Aujourd’hui, les Chinois représentent 1,5% de la population étrangère de Guyane (2009), chiffre qui ne tient pas compte des presque deux siècles de métissage.