Le voyage est irrémédiablement lié à la littérature, les premières routes que nous avons explorées l’ont sans doute été dans des livres, et Phileas Fogg est sans doute pour beaucoup le premier globe-trotter rencontré. Vient ensuite le romantisme de l’auteur sur la route à la rencontre de son prochain, stylo collé derrière l’oreille et Moleskine dans la poche. C’est sans doute une vision vieux jeu du voyage puisque – à priori – aujourd’hui, il faut voyager en fonction des séries et du cinéma. A Boston, une agence de voyage propose de marcher sur les pas de l’excellentissime série The Wire. Le concept est déclinable à l’infini : New York et Sex and the City, Albuquerque et Breaking Bad etc etc… La Nouvelle Zélande profite du succès de la trilogie, tournée sur ses terres, du Seigneurs des Anneaux et de la sortie de Bilbo le Hobbit pour balancer un méga plan de communication à destination des touristes du monde entier. Même Bercq découvre avec plaisir les retombés de « Bienvenue chez les chtis ». Le ciné-tourisme a fait des émules et est devenu un levier de promotion d’une destination touristique comme un autre.
Tout au cours de notre périple, nous avons rencontré – comme ça – des villes, des lieux qui ont connu leur petit moment de gloire grâce à un film devenu célèbre. En Inde, à Udaipur, c’est Octopussy, un james bond qui tourne en boucle dans tous les bars de backpackers. Assis sur des coussins, en train de siroter un lassi mangue dans la torpeur ambiante, vous découvrez les beautés du palais du Dr No (le Lake Palace) sur une VHS pourrie. A KoPhiPhi, Thailande, les tours opérators vous amènent sur les traces du film « La Plage », vous promettent une journée paradisiaque sur une île déserte et de vous baigner sur la même plage que Leonardo DiCaprio et Virginie Ledoyen. A Paris, nous avions posé notre sac à dos dans le quartier d’Amélie Poulain et avons pu à loisir découvrir le café des deux moulins et son épicerie. Dans un voyage précédent, nous avions eu le plaisir de manger un couscous dans la maison de Luke Skywalker, le héros de la Guerre des Etoiles. Les maisons troglodytes du Sud Tunisien ayant servi de décor au premier épisode de l’hexalogie.Et Tataouine se transforma en Tatooine, la planète natale du héros pour les besoins hollywoodiens.
Mais plus que des décors de cartons-pâtes, le voyage s’accompagne aussi de références visuelles construites par des heures de visionnages de films et qui sont autant de madeleines proustiennes cinématographiques une fois sur place.
En Argentine, on roule sur les traces de BomBom el perro ou d’Historias Minimas de Carlos Sorin et les paysages de la campagne patagonienne défile à travers les vitres du bus à la manière de la pellicule du film .La lumière captée est proche de la réalité, renvoyant à l’immensité désertique des plaines argentines.
A Honk-Kong, on commence avec les films de kung-fu des années 90, période débuts de Jackie Chan, quand la ville était en proie à une terrible guerre des triades (Police Story 1, 2, 3 etc etc…) et on termine avec Wong Kar Wai pour Chungking Express. Les nuits d’insomnie dues au décalage horaire se retrouvent dans Lost in Translation de Sophia Copola. Lorsque le vent ride la surface des champs de riz thaïlandais, les œuvres de Miyazaki refont surface et on s’attend à voir passer Totoro. Le cinéma au même titre que la littérature construit un ailleurs fantasmé et forme les images mentales que nous mettons sur une destination .Heureusement, tous les territoires n’ont pas encore d’images collées et l’imagination arrive vierge de toute construction. Car justement la mise en concurrence de la réalité et de la fiction provoque parfois quelques chocs . Ainsi, les films bollywoodiens sont bien loin du quotidien indien, et à ce titre jouent pleinement leur rôle d’échappatoire pour des milliers de personnes. Et que dire de toutes ces références depuis si longtemps oubliées et qui dans notre inconscient nous ont poussé à aller voir cette destination plutôt qu’une autre ?
Nous avons aussi connu quelques plaisirs cinématographiques sur la route. Outre les dizaines de films ingérés lors des nombreux voyages en bus, nous avons visité quelques cinémas. En Argentine, la traversée des Andes fresque historique sur l’indépendance de l’Amérique du Sud. « Los gringos no comen la llapa » (ou les blancs ne mangent pas de sauce piquante) ne nous a pas totalement rassuré sur la qualité du cinéma bolivien et à part le fait d’avoir été le plus haut cinéma de notre périple (4200m d’altitude, à Potosi), il y a peu de chances qu’il nous laisse un souvenir impérissable et connaisse une carrière à l’international. Une sombre histoire d’enlèvement de gringo et de trafic de drogue dans la jungle amazonienne, tourné avec les moyens du bord qui visiblement n’étaient pas à priori à la hauteur. A Bangkok, nous avons cédé aux charmes de la technologie pour nous essayer à une séance de cinéma 4D. Que ce soit le piètre qualité du film (un énième remake américain des 3 Mousquetaires) ou notre réticence aux changements, quoiqu’il en soit, nous restons dubitatif quant à l’intérêt d’une telle séance. Un regret cinématographique, peut-être, aura été de ne pas avoir vu de Bollywood en Inde.
Il ne nous reste plus qu’à cumuler des miles via le programme Air France KLM Flying Blue ou d’utiliser la carte American Express Air France KLM pour nos dépenses quotidiennes. et à profiter ainsi des billets gratuits pour partir sur notre prochaine destination . En savoir plus.
Et vous quels sont vos meilleurs souvenirs de ciné-tourisme ? Et quelle serait votre prochaine destination ?
3 comments
Et le cinéma à Pompignan, sur la place, avec l’écran tendu entre les deux platanes, et le vieux De Brie 16mm.
Et “Don Camillo Monseigneur!”
Demande à Dany…
Bises.
JPGB
@jpgb – Ah mais celui-là, il est à la base de tout et il mériterait un article à lui tout seul.
Claire et Guillaume Articles récents..Voyages cinématographiques