Même si ce n’est pas un blog de sport mais bien un blog de voyage, nous ne pouvons passer à côté de l’occasion de vous parler du Tour de Guyane cycliste. Ce rendez-vous sportif représente sans doute l’évènement le plus important de l’année dans le département, exception faite du carnaval bien entendu. Il n’est pas rare de voir beaucoup de cyclistes sur le bord des routes guyanaises les week-ends, mais on se dit qu’il n’y a rien d’anormal pour un territoire plat. Il arrive aussi souvent dans les magasins d’entendre les retransmissions radiophoniques des courses de toutes les Antilles, avec parfois des présentateurs hystériques à l’heure du sprint (de la lutte?) finale. Mais tous ces indices ne laissaient en rien présager de l’engouement populaire autour du Tour de Guyane. Le département s’arrête de vivre pendant une semaine, l’oreille collée au poste radio. Les gens posent leurs vacances pour pouvoir suivre sur les routes l’intégralité des neufs étapes. Pendant une semaine, le rythme est donné par la course. Guyane Première (ex-RFO depuis 2010) débauche une importante quantité d’énergie et de moyens pour couvrir au mieux cette course amateur et retransmettre le plus d’étapes possibles en direct. Les motards commentateurs sont donc au rendez-vous et on retrouve des faux airs de Tour de France. France-Guyane (le quotidien local, l’équivalent tropical du Midi Libre ou du Sud-Ouest) sort son supplément pour suivre au jour le jour la course. Ce n’est pas le seul point commun avec l’épreuve reine du cyclisme puisqu’à l’instar du Tour de France, une caravane publicitaire précédant la course distribue t-shirts, casquettes, stylos et autres objets de promotion.
Pour cette semaine de course, étaient présentes au départ 12 équipes du département et 9 du reste du monde (Guadeloupe, Martinique, 3 de métropole, Italie, Luxembourg, Allemagne et Kazakhstan). Aux jeux des pronostics, beaucoup pariaient sur une victoire antillaise tandis que le vainqueur de l’édition précédente Frédérich Lubach du Val d’Oise ne rassemblait pas beaucoup de suffrages. Une autre prédiction faisait aussi l’unanimité : personne ne voyait un étranger l’emporter. Cette année, l’attention des observateurs se focalisait sur la nouvelle étape entre Apatou et Mana, puisque pour la première fois (la route est nouvelle) les coureurs allaient empruntés ce tronçon.
Sur le bord des routes, les supporters donnent de la voix quand ce n’est pas autre chose. Les personnes arrêtent les motos pour donner aux journalistes des cagettes de fruits ou un auditeur frustré par le manque de victoire guyanaise offre 1000Euros au premier vainqueur local d’étape. Le jour même, Ludovic Exfort emportait l’étape. Hasard ou coïncidence? Il faut dire qu’au regard des gains, cette somme est énorme. On ne vient pas en Guyane pour l’argent, loin de là, car porter le maillot jaune une journée rapporte 45Eur tandis que la vainqueur final gagne 250Euros. Pas de quoi rembourser les billets d’avion ni de fouetter un chat d’ailleurs.
La surprise est venue de l’Est, en même temps toutes les équipes qui n’étaient pas guyanaises venaient de l’Est. Mais on parle bien du grand Est, de l’autre côté du Mur. L’équipe était arrivée en catimini, juste revêtue du sceau de l’exotisme. Astana est bien connue des amateurs de géographie, c’est le nom de la capitale du Kazakhstan certes mais aussi de cyclisme puisque depuis quelques années c’est l’une des principales équipes professionnelles. Un conglomérat d’entreprises publiques kazakhs (pétrodollars et compagnie) s’est réunie un beau matin pour créer cette équipe et participer par la même à faire connaître le Kazakhstan à travers le monde( le Kazakhstan c’est là) . Noble mission s’il en est. En Guyane, nous n’avons pas accueilli les pro mais seulement l’équipe de jeunes, qui espèrent un jour secrètement – ou non – intégrer l’équipe professionnelle.
Artyom Zakharov a dès la deuxième étape porté le maillot jaune pour ne plus le lâcher jusqu’à l’arrivée. Le tour était plié dès le deuxième jour mais on ne le savait pas encore. Le scepticisme prévalait et tout le monde pensait que les conditions climatiques et les ardeurs locales auraient un jour ou l ‘autre, raison de ces kazakhs. Mais Astana a imposé un rythme de psychopathe à la course tous les autres jours, éteignant toute velléité des autres coureurs pour emporter la course. Ils se permirent même un petit coup d’intox en montrant durant la 6ème étape quelques signes de fatigue mais il ne s’agissait que d’une vulgaire ruse pour entretenir le suspense. Quand des coureurs parvenaient tout de même à s’échapper, les kazakhs veillaient à ce qu’ils ne mettent pas en danger le maillot jaune en exerçant un contrôle total sur le peloton. De la part des observateurs, nous avions droit à un mélange d’écœurement et d’émerveillement. Ecoeurement car cette stratégie tuait la course dans son suspense et d’émerveillement devant une mécanique aussi bien rodée.
A l’heure du bilan, la question maintenant est de savoir s’il fallait inviter ou non les kazakhs (cf France-Guyane). Il y a les partisans qui prêchent qu’inviter de telles équipes permet de tirer vers le haut les coureurs locaux et notamment les jeunes qui découvrent ainsi un aspect du cyclisme professionnel. Ceux qui sont contre font prévaloir la trop grande différence de niveaux pour que ce soit profitable à tous. Pour aller dans le sens des pro-kazakhs, les guyanais ont gagné cette année 5 étapes, chose qui n’était pas arrivée depuis quelques années. Et ce fut le tour de Guyane le plus rapide de l’histoire.
Dimanche 25 pour l’arrivée, la place des Palmistes était noire de monde pour accueillir les héros et conclure en beauté cette semaine d’effort. Un air de grande kermesse emplissait l’air, comme seul les évènements les plus populaires savent le faire avec les tentes des vélo-clubs dressées, les camions de Madras au rendez-vous, une scène avec des chanteurs.
Cette 24ème édition restera donc dans les annales par la course menée par les Kazakhs, l’intrusion du monde pro dans une course amateur, et cette victoire d’Artyom Zakharov et nous verrons bien l’année prochaine si les Kazakhs seront ré-invités.
6 comments
Je n’avais jamais entendu parler de ce tour, et c’est bien dommage! Je pense qu’on devrait laisser un peu plus de place à ces départements dans les médias car on les oublie un peu trop souvent à mon goût.
@Nathalie@méthode maigrir – Mais biensur les médias métropolitains devraient se faire plus souvent l’écho de tels évènements !
Claire et Guillaume Articles récents..Le Tour de Guyane 2013
J’avais déjà assisté à ce tour (oui je suis originaire de guyane). C’est vraiment sympa d’y aller en famille, ça me rappelle des souvenirs…
thomas@formation hypnose Articles récents..Assistez à la Convention FFHTB les 14 et 15 septembre 2013
@thomas@formation hypnose – Salut Thomas, C’est un moment à partager entre amis et en famille … Vraiment beaucoup de convivialité.
Claire et Guillaume Articles récents..Le Tour de Guyane 2013