Le Lac Baikal
Le Lac Baikal

La magie du lac Baïkal

Notre découverte de la plus grande réserve d’eau douce de la planète, le lac Baikal alors qu’au mois d’avril, il est encore pris par les glaces. Le lac devient alors un lieu de randonnée extraordinaire.
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Le Lac Baikal
Le Lac Baikal

Clou de notre voyage en train depuis Vladivostok, notre séjour dans un village balnéaire près du lac Baïkal nous aura fait expérimenter une nouvelle façon de randonner: les pieds bien au sec sur les eaux gelées du Baïkal.

A quatre heures de notre arrivée à Irkoutsk, lorsque notre train se débarrassa enfin de l’interminable foret de bouleau, ce fut pour nous dévoiler au loin une immense étendue blanche, que nous avons d’abord confondue avec la terre, et qui, par endroit était encore recouverte de la neige hivernale. Quelle ne fut pas notre surprise de découvrir le lac Baïkal encore gelé en ce début d’avril! Cet étonnement est seulement lié à notre inculture, car le dégel du lac n’intervient jamais avant mai-juin, quoique de plus en plus tôt, selon les russes que nous avons croisé, du fait du réchauffement climatique.

Pêcheurs sur le lac Baikal
Pêcheurs sur le lac Baikal

Sur quelques 100 km, la ligne de chemin de fer longe le lac, si près, qu’on pourrait presque le toucher en tendant les bras. La surface du lac semble partout lisse et plane, tandis que ses berges ont conservé leur caractère sauvages et anarchiques. Il y règne un calme absolu. Avec nos bruits mécaniques, on a presque l’impression de violer un lieu sacré. De temps en temps, nous croisons des villages d’isbas isolés dont l’activité de pêche n’est pas le moins du monde perturbée par l’emprisonnement des eaux sous une épaisse couche de glace: un trou suffit à rendre de nouveau accessible la richesse aquatique du lac.

Nous ne connaitrons donc pas ses eaux d’un bleu étincelant. En contrepartie, le lac gelé nous a offert l’opportunité d’explorer sa surface, sans avoir besoin d’autres équipements que des chaussures bien chaudes. Et de ce fait, nous avons pu profiter d’une nouvelle perspective sur le paysage époustouflant des falaises plongeant dans le lac, des montagnes enneigées en deuxième plan et du silence incroyable qui règne sur le lac, propice à la méditation contemplative. Comme il est facile d’y passer des heures à écouter le silence!

Pendant les mois les plus froids (janvier-février-mars), il paraitrait que la glace est translucide et que l’on peut même apercevoir les eaux prisonnières du lac. Une des propriété des eaux du lac est sa grande transparence, on dit qu’elle atteint environ 40 mètres, et qu’y nager l’été donnerait le vertige! En plein hiver, le lac ressemble à une patinoire géante et l’on ne peut s’y promener qu’avec des patins ou des roues cloutées.

En Avril, la glace commence à fondre...
En Avril, la glace commence à fondre…

En fin d’après-midi, juste après avoir posé les valises, l’appel du lac est irrésistible et nous nous décidons à faire notre première petite balade. Non sans avoir pris au préalable les recommandations d’usage auprès de notre hôtelier : le lac gelé supporte encore le poids de quelques randonneurs égarés. Nos premiers pas furent cependant un échec, la glace commençait à fondre sérieusement sur les berges, qui sont peu profondes, et nous avions l’impression de nous enfoncer dans de la neige fondue sauf que l’issue n’était pas la terre mais une eau pour le moins glacée…

Nous n’avons pas la résistance de ces sibériens, qui, en plein hiver, participent à un baptême bien particulier: il s’agit de se plonger pour quelques secondes dans l’eau glacée du lac… Jack, notre hôtelier, nous a raconté sa propre expérience: non satisfait de l’exploit de se déshabiller à des températures proches de –30°C (à proximité du lac, les températures sont plus “clémentes” qu’en pleine Sibérie), il faut continuer la performance en pénétrant dans l’eau glacée (proche de 0°C). A peine sortie, le corps se met à geler instantanément, il faut se frictionner rapidement pour qu’il retrouve un peu de chaleur. Bizarrement, cette pratique ne lui fait pas supporter plus facilement les hivers sibériens. Et c’est toujours avec beaucoup de peine qu’il s’adapte chaque année aux premiers grands froids sibériens. Il nous explique que c’est à cause du froid que les russes n’ont pas l’habitude culturelle de sourire: “quand il fait –60 °C, le fait de sourire fait souffrir atrocement, le visage est pétrifié par le froid”. Aujourd’hui, son rêve est de s’installer en Thaïlande, un vol direct Irkoutsk – Bangkok, lui ayant permis de découvrir un climat opposé au sien, où il fait bon vivre et où la terre produit quantité de légumes et de fruits.

Le village de Listvianka
Le village de Listvianka

Le lendemain de notre piteuse tentative, l’appel de la sérénité du lac sera plus fort que nos hésitations, nous nous lançons à la découverte de cet immense lac dont les eaux sont emprisonnées par près d’un mètre de glace. Fièrement, nous dépassons tous ces russes de la ville qui n’osent pas s’aventurer au-delà d’une certaine frontière à quelques mètres à peine de la berge.

Kite-surfeurs sur glace
Kite-surfeurs sur glace

A l’inverse, pour les habitants du coin, en hiver, le lac devient un nouveau terrain de conquête. Pendant nos balades sur le lac, nous aurons croisé des cyclistes, des skieurs, des kite-surfers et des randonneurs. Ces derniers revenaient même d’un bivouac sur la glace. Encombrés de leur traineau, ils ont cru se retrouver “prisonniers” du lac car une énorme crevasse leur barrait le chemin du retour aux berges. En deux jours, les failles du lac s’étaient passablement agrandies et leur itinéraire de départ ne pouvait plus être celui du retour. Dans notre russe plus qu’approximatif, nous avons pu leur sauver la mise en leur indiquant la bonne direction.

Cyclistes sur glace
Cyclistes sur glace

Il est vrai que la période du dégel du lac comporte toujours un certain risque car l’on ne sait jamais vraiment quand la glace n’est plus assez solide pour supporter le poids des humains et de leur moyen de transport. Les voies de circulation automobiles sont “fermées” d’autorité par les pouvoirs publics en fonction des résultats de sondages dans la glace. Cependant, c’est souvent la première voiture qui passe sous la glace qui sert de signal d’alarme! A certains endroits, les locaux continuent pourtant d’emprunter le lac pour leur déplacement quotidien et ils rafistolent les failles avec des planches de bois pour servir de soudure… Au départ, nous avions prévu de nous rendre sur l’île d’Olkhon ce qui nécessitait de rouler environ une demi-heure en bus sur le lac. Malheureusement/heureusement, la route n’était plus praticable et l’île se trouvait alors coupée du continent…Pendant quelques jours seulement, le temps que se mette en place le moyen de transport qui permet à la fois de circuler sur la glace et sur l’eau: l’aéroglisseur.

Mais, il était déjà temps de repartir avec la promesse de revenir en plein hiver pour expérimenter, pourquoi pas, le baptême hivernal…

Poissons fumés
Poissons fumés
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16 comments
  1. Comme d’habitude, un brillant exposé…
    Vous allez à l’essentiel…
    Nous sommes avec vous sur cette merveille de la nature.
    Mais,une question:
    Voit on l’autre rive en permanence?
    Et-60°c’est pas croyable…
    Leur Président est originaire de la région, non ?
    A+

  2. A cela m’énerve…
    Celui qui ne me fait pas rire…c’est celui qui ne rit jamais…
    Et c’est le froid il parait?
    En fait il me fait peur !!!
    Au fait je viens d’écouter votre interview sur MixCity,amis du Blog allez y!
    Tout y est !
    Bises et bonne rentrée .

  3. J’ai eu la chance d’aller sur l’ile d’Olkhon en novembre 2007 et j’en garde un souvenir extraordinaire. Ce réveil avant l’aube et la neige qui tombe sur le rocher du Shaman… sublime !

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