Tibet Interdit

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Derrière le Tibet?

Nous nous étions donné comme défi, à partir du Népal, de rentrer en France par la terre. La première étape consistant à rejoindre la Chine en passant par le Tibet. L’entreprise est techniquement possible puisqu’une pléthore d’agences de voyage népalaises le propose. Car une des conditions pour entrer au Tibet est de faire appel à une agence dument agréée par le gouvernement chinois et de faire partie d’un groupe. Exit les voyageurs indépendants mais heureusement la notion de groupe commence à partir de deux individus. Généralement, pour les “petits” budgets,  il s’agit d’un tour de 8 jours en bus depuis Katmandou et qui donne l’opportunité de connaitre les monastères du sud du Tibet, d’avoir la chance de voir l’Everest et d’emprunter l’autoroute de l’amitié. De Lhassa, vous sautez soit dans un avion qui vous ramène dans la capitale népalaise, soit dans le train moderne qui vous amène à Pékin en 2 jours ou bien dans n’importe quelle ville chinoise. Et le tour est joué!

C’est donc le 20 Février que la frontière tibétaine a été fermée

Malheureusement pour nous, le mois de mars n’est pas la période la plus favorable pour ce genre de périple. Car, que ce soit pour le nouvel an tibétain ou l’anniversaire de l’exil du Dalaï Lama ou encore la célébration de la révolte des moines de 2008, le gouvernement chinois ferme la frontière tibétaine aux étrangers. Voilà purement et simplement comment on occulte une partie de son territoire à l’opinion internationale. Dieu seul sait ce qui peut se passer loin des regards neutres. Cette année, la révolte tibétaine semble connaitre un regain d’intensité avec un nombre croissant d’immolations de moines ou de nonnes sur le territoire chinois. Les rumeurs font état de blindés à Lhassa, de monastères transformés en prison, de manifestations meurtrières et d’arrestations arbitraires. Les habituels faits d’une répression sanguinaire. C’est donc le 20 Février, un peu en avance sur le calendrier, que la frontière tibétaine a été fermée et ce jusqu’à la fin du mois de mars, enfin s’il n’est pas jugé préférable par les autorités  d’étendre cette période. En 2008, elle avait été interdite aux étrangers jusqu’en aout. D’ailleurs, si un jour vous avez la chance de traverser cette fameuse frontière, sachez qu’il est interdit d’amener avec soi des livres, des photos du Dalaï Lama, même le Lonely Planet préfacé par sa sainteté y est “persona” non grata, ou tout objet de soutien à la cause (oubliez le t-shirt Free Tibet).

Sa sainteté le Dalai-lama

Le Népal joue un rôle particulier

Le Népal joue un rôle particulier et à une position ambigüe sur la question. La communauté  tibétaine immigrée y est plutôt importante, il n’est pas rare de voir des quartiers entiers décorés des drapeaux de prière tant caractéristique de la culture tibétaine. Mais lors de la visite du premier ministre chinois fin janvier venu signer de gros chèques pour aider au développement du pays, ces mêmes immigrés étaient bouclés dans leur quartier par un cordon de sécurité des forces de l’ordre afin d’éviter tout débordement qui pourrait nuire à la bonne entente (économique) chino-népalaise. Et le gouvernement népalais d’affirmer  que le Tibet faisait partie intégrante  de la Chine et qu’il n’admettrait pas que des mouvements rebelles se servent du pays comme d’une base arrière. Pour mémoire, c’est un gouvernement maoïste qui a mené une rébellion armée pendant 10 ans qui dit cela!

Il n’est donc que le vecteur d’une colonisation active

Pendant ce temps à Lhassa, les monastères sont vidés pour devenir des musées, des centres commerciaux sont ouverts, un son et lumière est donné devant le Potala (le monastère le plus important devenu depuis un musée). Et ce fameux train qui relie le Tibet aux restes de la Chine, véritable prouesse technologique puisque évoluant à plus de 5000m d’altitude, aux wagons pressurisés, aux rails chauffés etc etc n’est donc que le vecteur d’une colonisation active. Il facilite la venue d’un peuplement chinois, encouragé par le gouvernement chinois. Il n’y a pas de mal à vouloir développer son pays -au contraire même –, ni à désenclaver les régions isolées mais le problème vient de l’éradication de la culture déjà présente.

Les formalités pour faire un tour au Tibet depuis le Népal:

* C’est bien simple, les agences s’occupent de tout. Elles obtiendront donc le permis tibétain délivré par le Tibet Tourism Bureau puis demanderont un visa chinois au près du consulat (toujours d’une durée inférieure à 30 jours, généralement de 20 à 25 jours). Aucune pièce n’est à fournir, seulement le formulaire à remplir. Si avant d’arriver à Katmandou, vous avez déjà un visa chinois, il sera annulé avec l’obtention du nouveau visa.

* Il faut compter 350USD  pour le tour de 8 jours (inclus le transport, les nuits en hôtels très simples et les petits-déjeuners) + 50USD pour le permis et le visa  + le prix du billet d’avion retour Lhassa – Katmandou  ou le prix du billet de train pour continuer en Chine (env. 200USD)

* Voici les agences qui organisent les tours avec des départs les samedi toute l’année et les mardi en haute-saison (les autres agences leur sous-traitent les tours):

– Tibet Tashi Delek Treks

Jyatha, Katmandou (à côté de l ‘hôtel Utse)

tél.: 977-1-4229689

www.trip2tibet.com

– Tibet International Travels & Tours

Thamel, Katmandou

tél.: 977-1-4444339

www.tibetintl.com