L’hindouisme à la népalaise

Partez à la découverte de l’hindouisme à la népalaise raconté par deux novices de cette religion…
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Cortège de cérémonie

Le Népal est très proche culturellement de l’Inde, le point commun le plus visible étant la religion hindouiste. De fait, le Népal constitue un bon compromis pour ceux qui souhaitent s’initier à la spiritualité hindoue mais qui craignent le choc culturel indien. Il est facile de voyager en indépendant dans le pays, l’échange avec les népalais nous a semblé plus sain et basé sur une confiance réciproque, passé les premiers minutes de marchandages. De plus, les villes népalaises ont su préserver leur patrimoine architectural avec des centres historiques à taille humaine. Il est donc très facile de s’y promener tout en observant l’intense activité religieuse qui occupe le quotidien des népalais. Enfin, les vaches ont beau y être sacrées, on en voit rarement en ville…

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Ganesh défiguré

On est tout d’abord frappé par la multitude de temples religieux qui parsèment ces vieilles cités médiévales (Katmandou, Patan, Bhaktapur, Panauti, Banepa, Dulikhel….): on ne peut pas faire un pas sans tomber sur un édifice religieux. On y croise des temples majestueux à plusieurs toits, gardés par des statues d’animaux à taille réelle (lion, rhinocéros, dromadaire, éléphants), ou bien des sanctuaires plus modestes et enfin de “simples” pierres sacrées qui ont survécu au pavement des rues et qui jaillissent de la chaussée un peu partout.

En tant que novice de l’hindouisme, on ne peut être qu’impressionné par la richesse de son art religieux: pierres et bois sculptés, cuivre repoussé, portes royales en or, l’inventivité artistique n’a pas son pareil pour représenter toutes les figures mythologiques du panthéon hindou. On se lancerait presque dans la lecture de la Gita (recueil de textes sacrés) pour pouvoir déchiffrer les symboles disséminés sur tous ces temples.

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Festival dans la cour d’un temple

Au bout d’une dizaine de temples, nous aurons compris que chaque divinité hindoue a ses propres armes, coiffures et montures. Nous aurons alors inventé le jeu de deviner à quel dieu le temple était-il dédié. Ce jeu s’est passablement corsé lorsque nous aurons appris qu’un même dieu pouvait être représenté différemment selon ses personnalités (protecteur, créateur, destructeur) et qu’il changeait également de nom. Cependant, au Népal, le culte de Shiva (le Dieux protecteur du Népal) étant prédominant, on peut difficilement se tromper.

C’est toujours avec grand étonnement que nous observons comment sont traités ces ouvrages parfois vieux de plusieurs siècles: lors des prières quotidiennes, les dévots ont l’habitude de coller sur les statues une pate rouge (symbolisant le sang dont raffole ces déités), du gâteau poisseux, de leur jeter du riz (qui se colle ensuite à la pate) ou encore de verser de l’huile sur la divinité… Il est aussi commun de toucher les statues avec son pouce pour se signer ensuite, voir d’y poser son front, ce qui, au fil du temps, conduit à effacer la sculpture. Une image du Dieu est alors ajouté pour bien se rappeler à quelle divinité l’autel était-il dédié. Hanuman, fidèle singe militaire protecteur des rois, semble subir le plus ces attouchements humains, toutes ses statues n’étant plus qu’une pierre difforme…

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Sacrifice d’un buffle

Tous les temples sont entourés de rampes de lampes à huile, qui à la nuit tombée, sont systématiquement allumées. Les soirs de coupure, on se sentirait presque l’âme mystique à voir briller ces étranges lueurs autour des temples.

Les jours de “festival” (cérémonie religieuse), les temples sont encore plus animés. On change les colliers de fleurs qui décorent les divinités. Dans la cour du temple, multiples prêtres proposent leurs services rituels, moyennant monnaie. Les gens font la queue pour rentrer dans les sanctuaires, les mains chargées de toutes leurs offrandes. Des feux sont éclairés et les brahmines récitent des textes sacrés en balançant leurs corps d’avant en arrière dans un mouvement répétitif. A la fin de la journée, les sols des temples sont alors jonchés d’offrandes alimentaires: banane, noix de coco, gâteau de riz sous forme de cône, sans oublier les pétales d’œillets d’Inde. Malheureusement, le sens de ces activités religieuses nous est souvent fermé.

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Danse masquée

Par hasard, nous aurons assisté à autre festival qui repose sur le sacrifice d’animaux. L’objet du festival était lié à des enfants, âgés entre 4 et 8 ans, sans que l’on comprenne pourquoi. Chaque famille commence par défiler dans les rues pour se rendre au temple: à grand renfort de fanfare, nous ne pouvons pas rater la quantité de leurs offrandes: buffle, chèvres, poulet et nourriture. Les enfants sont placés en tête de cortège. On leur a rasé la tête pour l’occasion.  Puis arrivé au temple, après avoir disposé les offrandes selon l’usage, le prêtre sacrifie les bêtes, d’un simple coup de couteau pour les poulets à un abattage plus long pour le buffle dont le râle agonisant ne laisse pas indifférent… Plus le sang gicle sur l’autel, plus le sacrifice est réussi. La tête de l’animal sert ensuite de bougeoir pour la récitation de quelques incantations religieuses. Tandis que les intestins sont vidés et gonflés d’air pour être disposé comme un collier autour de l’objet religieux représentant le dieu. S’ensuit un dépeçage des animaux à même la rue, au milieu des badauds et voitures… Les enfants sont ensuite déshabillés pour aussitôt enfiler des vêtements neufs, dont on a pris le soin de conserver les étiquettes pour le prouver. A la fin de la journée, le temple n’est plus qu’un bain de sang, tout est laissé tel quel. Nous avons vu un mariage se dérouler après ces sacrifices, les pauvres futurs mariés devait vaquer, pieds nus, au milieu de ce carnage… Le pire restait encore à venir, avec la vision d’enfants jouant avec les intestins de buffles comme d’une corde à sauter, ou se servant de gros fruits à offrandes, comme d’un ballon en le laissant rebondir dans les flaques de sang…

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Dépeçage d’une chèvre en famille

Ces sacrifices d’animaux nous ont étonné ayant été habitué au culte du vivant en Inde, l’orthodoxie hindouiste voulant que chaque être vivant soit sacré. Selon Sonu, notre chauffeur indien, en Inde, tuer un animal est un crime du même niveau que celui de tuer un être humain. Alexandra David-Neel, la célèbre exploratrice de l’Orient du début du XXème siècle, a longuement disserté sur l’intrusion de ces sacrifices d’animaux dans la pratique de l’hindouisme à la népalaise, dans son ouvrage “au coeur des Himalayas”: ils seraient des réminiscences de cultes chamaniques que l’hindouisme n’aurait pas définitivement remplacé.

Pour les âmes sensibles, la visite des temples bouddhistes, notamment tibétains, est une bonne alternative, surtout pendant la période du nouvel an tibétain (le Losar).

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