Grâce au réseau “helpx”, nous avons rencontré Lek et Lea
Par l’intermédiaire du social network “helpx”, nous avons fait la connaissance de Lek et Lea, sur l’île de Lanta, en Thailande. Helpx met en relation des helpers et des hôtes. Les helpers, ce sont des gens comme nous, des curieux, des squatteurs, des avides de relations humains et d’expériences, des qui ont le temps de donner un coup de main sur un peu tout et n’importe quoi. Les hôtes, ce sont des particuliers, qui, pour mener à bien leur mode de vie “alternatif” (permaculture, écotourisme) n’ont pas peur d’accueillir chez eux des inconnus, de les nourrir et de les loger en contrepartie de leur travail.
Ce réseau ouvre donc à d’autres types de rencontres que celles que nous avions expérimenté jusqu’à présent dans les associations: plus intimes et plus informelles. Le hasard a voulu que nous fassions notre première expérience d’helper avec un couple mixte anglo-thailandais qui se lancent dans la plantation d’arbres à caoutchouc et qui pratiquent également une agriculture d’auto-suffisance.
Lea, l’anglaise, a rencontré Lek, le thailandais, alors qu’elle baroudait sur Lanta, il y a de cela une dizaine d’années. Depuis, elle n’a pas quitté la Thailande et deux enfants sont nés de leur union: Aeeyra (7 ans) et Aaron (3 ans). Tous les deux sont bilingues en anglais et en thai, et ils s’adressent à leur parent avec la langue maternelle de l’un et de l’autre. A tout moment, ils peuvent changer de langue sans aucune difficulté.
Lek étant né à Lanta, il y a toute sa famille. Il était plus aisé pour le couple de s’installer sur l’ile plutôt que de désespérer à obtenir un visa pour la Grande-Bretagne. Ils ont donc construit leur maison en plein coeur de l’ile, loin des stations balnéaires et de l’ambiance de vacances. C’est le coin des planteurs d’arbres à caoutchouc, car on ne voit que ça autour de la maison et à des mètres à la ronde!
Les conditions de vie sont rudimentaires mais sommes toutes confortables
Le rez-de-chaussée est consacré à la cuisine, la salle de bain, la salle à manger et les chambres d’amis. La cuisine se résume à deux plaques de cuisson au gaz. L’une pour le wok, l’ustensile de cuisine indispensable en Thailande pour y frire le poisson et les morning glory (liserons d’eau), deux aliments de base ici. Pendant que sur l’autre plaque, cuira lentement mais surement, l’invariable et quotidien riz blanc. Les autres ustensiles sont rangés dehors dans un appendice où deux bacs servent à faire la vaisselle avec l’eau de pluie. Les aliments de la maison sont jalousement conservés dans des boites hermétiques, un moyen de prévention contre l’intrusion des fourmis qui sont à l’affut de quelques nourritures à grappiller des mètres à la ronde. Le séjour est en fait une pièce vide au parquet cimenté sur lequel on dispose des nattes à l’heure de manger. Par terre, sans chaise, ni table, il faut tenir la position du boudha accroupi pendant tout le temps du repas, un supplice pour ceux qui ne sont pas souples! La salle de bain est composée d’un cabinet de toilette et d’un grand pot à eau qui est alimenté par l’eau du puits via une pompe électrique. On se sert ensuite d’une écuelle pour se laver. Par le trou d’évacuation de l’eau de la douche, il n’est pas rare de voir sortir la tête d’une grenouille. Cachée sur une étagère, une autre de ses congénères se rincera l’oeil pendant que l’on se dévêtira. Par les fenêtres qui ne sont pas vitrées, rentreront des geckos qui, mine de rien, ne rateront rien de ce spectacle de nudité… Quant aux chambres d’ami, séparées du séjour par un fin mur de bambou, un lit confortable avec moustiquaire accueillera l’invité du moment. Avec un peu de chance, il pourra admirer la dextérité d’un énorme gecko chassant sa proie et se délectant ensuite de ce plat du jour (papillon de nuit en l’occurrence), dans des postures défiant la loi de la gravité.
Attenant au rez-de-chaussée, il y a la terrasse protégée de la pluie par l’étage supérieur de la maison. C’est là que se déroule toute la vie du foyer: les jeux des enfants, la préparation des repas, l’entrainement à la boxe thailandaise, etc. C’est aussi le meilleur endroit pour regarder tomber la pluie, profiter de la fraicheur (tant attendue) de la nuit tombée ou pour scruter le ciel à la recherche de lucioles phosphorescentes qui nous enchantent par leur flash dans la nuit noire de la foret. Elles voleraient par milliers en saison sèche, mais, nous sommes déjà content de leur rareté. Enfin, c’est d’ici que l’on peut imaginer combien le ciel doit être étoilé dans les ténèbres de la foret, mais que le ciel nuageux de la mousson ne nous laisse pas admirer… A l’étage, se trouvent les chambres des parents et des enfants, ainsi qu’une terrasse-salon, la plus fraiche de la maison, avec son confortable canapé en cuir duquel l’on peut regarder la télévision. C’est aussi là-haut que sont disposés tous les objets de valeurs de la maison, les vêtements, les jouets des enfants, etc. car les escaliers qui mènent à l’étage constituent un rempart efficace contre l’intrusion de tous ces animaux de la foret.
Qui fait quoi dans la maison et pendant son temps libre
La journée de Lea se déroule selon un rituel immuable. A vrai dire, elle passe la plupart du temps à préparer les repas de la famille et à nettoyer la maison, qui demande un entretien constant face aux petites bêtes de la foret (fourmis, araignées et thermites). Ces tâches ménagères sont ponctuées des moments où elle s’occupe des enfants. Entre temps, elle aura quand même le temps de bavarder avec nous et de nous faire partager sa passion: la permaculture. Toutes ses expériences agricoles sont issues de sa “bible” : le guide de la permaculture appliqué aux climats tropicaux. Ce manuel donne toutes les clés pour une agriculture écologique : comment fabriquer tout un tas de composts à partir de déchets organiques ou des pesticides naturels, etc.. Le pesticide “du jour” qu’essaie de créer Lea est fait à partir de feuilles de tomates… Son jardin regroupe tous les aliments de base des thailandais: papayer, “lemongrass” (une herbe citronnée), morning glory, petites aubergines rondes, oignions, concombres, ananas, etc.
En dehors de la plantation, Lek a beaucoup de passe-temps, qui sont communs à de nombreux thailandais, mais totalement inconnus de nous. Nous ne comprenions pas pourquoi toutes les maisons thailandaises arboraient, telles des trophées, de nombreuses cages avec des oiseaux. C’est que les thailandais raffolent de compétition de chants d’oiseaux! “Big money” nous explique Lek: le propriétaire de l’oiseau qui chante le plus longtemps empochera une récompense financière. Comme n’importe quel “sport”, des compétitions sont organisées sur tout le territoire… et il faut aussi entrainer l’oiseau à chanter en le stimulant avec le chant d’oiseaux en CD ou avec celui des oiseaux du voisinage. Il y a aussi les combats de vache… Alors que nous demandions naïvement si les vaches que Lek fait paitre dans son jardin lui servent pour “le lait ou la viande”. Il nous répondit tranquillement “non pour les combats de vache”. Très ennuyant, selon Lea, mais ce n’est pas l’avis de Lek qui s’occupe de ses vaches avec le plus grand soin… Enfin, à ses heures perdues, il entraine les gamins du village à la boxe thailandaise. Ceux qui sortent du lot, pourront peut-être faire carrière dans les stades de Bangkok, voir d’Europe, clame Lek, les yeux pétillants d’espoir. Le tableau ne nous semble pas si réjouissant quand il nous a expliqué l’entrainement que doivent subir ses étoiles… A 3 ans, Aaron sait déjà décocher des bons coups de pieds, au grand dam de sa mère qui aurait préféré le voir pratiquer le football (pour ne pas abimer son joli visage)…
Enfin, le tableau ne serait pas complet si nous ne disions un mot des enfants, ouverts, curieux et plein d’attention à notre égard (pas toujours gentille, certes). Nous avons passé des heures à les regarder jouer avec leurs poupées vivantes, trois petits chatons de quelques mois, tantôt câlin, tantôt diablotin… Ils s’évertuaient inlassablement à vérifier la théorie selon laquelle les chats retombent toujours sur leurs pattes. Ce qui fut heureusement vrai pour les pauvres chatons balancés de n’importe où et surtout n’importe comment. Quant à nous, nous n’étions pas mécontents d’être trop grand et imposant pour passer entre leurs mains…
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