C’est toujours le même scénario qui se répète
Dès que nous avons foulé le sol thaïlandais, nous avons été immédiatement accueillis par des pluies diluviennes, tellement caractéristiques de la saison des pluies en Asie du Sud-Est, comme nous allions bientôt le découvrir. Contrairement à nos 15 premiers jours à Singapour et en Malaisie, la saison des pluies ne se traduit plus par une heure de pluie quotidienne, mais par plusieurs averses par jour, qui peuvent durer une paire d’heures avec quelques moments assez déchainés.
C’est toujours le même scénario qui se répète: un assombrissement soudain et impressionnant du ciel, on a alors l’impression que les ténèbres envahissent le monde des humains. Des vents violents se lèvent ensuite, ils balaieront tout sur leur passage et ferons plier les imposants palmiers qui nous semblaient de marbre. Pas de doute, la pluie s’annonce ! Il est fréquent de l’entendre arriver depuis la forêt par le tambourinement qu’elle produit sur la végétation ou de la voir lentement venir depuis la mer, par les traits noirs qu’elle dessine dans le ciel tout en effaçant méticuleusement les paysages que nous étions en train d’admirer.
Alors que nous avons encore du mal à sortir de notre abri tandis que s’abat sur la chaussée une pluie abondante et déchainée, nous ne pouvons qu’admirer les thaïlandais qui ont l’air de trouver cela tellement normal. Ils affichent d’ailleurs une indifférence la plus totale à se faire tremper jusqu’aux os! En somme, pour eux, la vie suit son cours. Et pour cause! La saison des pluies, dans le Sud-Ouest de la Thaïlande, court sur une longue période, de juin à octobre, soit 5 mois!
Pour vivre en Thaïlande, il faut aimer l’eau
Nous comprenons alors que pour vivre en Thaïlande, il faut aimer l’eau! Cette affirmation est d’autant plus vrai que sur la côte ouest, la mer n’est jamais loin. Le littoral est également parsemé de mangroves aux palétuviers vivant les pieds dans l’eau. Enfin, sans oublier les nombreux cours d’eau qui servent à évacuer l’eau de pluie que ni la terre nourricière, ni la flore tropicale ne sont plus capables d’absorber!
Nous avons expérimenté cette ambiance de mousson dans l’île de Lanta, où nous nous sommes arrêtés plus d’une semaine, D’ailleurs comment vit-on avec la mousson? Petit tour d’horion de la vie quotidienne en période de pluies abondantes:
L’architecture des maisons nous aura attiré l’oeil en premier : les maisons sont en piloti pour lutter contre l’humidité ambiante ou contre les serpents et autres bestioles à venin en foret. Il nous est arrivé de voir aménager des “jardins de pluie” sous les maisons avec hamac et compagnie pour tuer l’attente de la fin de l’averse. Les maisons arborent également de larges auvents sur le devant, pour pouvoir prendre l’air tout en étant abrité lorsque l’averse est trop violente. On pourra donc y rester de longues heures à regarder la pluie tomber tout en rechargeant les batteries d’air frais. Et enfin, sans oublier les toits bien pointus, en tuile ou en tôle, pour faciliter l’évacuation de l’eau.
Quant il s’agit de se déplacer, pas question d’abandonner son mode de déplacement fétiche : le scooter! Certains enfilent une parka en plastique, d’autres se munissent plutôt d’un parapluie qu’ils tiennent à la main gauche, tandis que la droite maintient le guidon fermement. Tandis que les plus valeureux se contentent de leur courage pour affronter l’averse.
La chaussure nationale est la paire de claquette
L’animation frénétique de la rue ne sera pas non perturbée par ses averses torrentielles. Pas besoin de repli stratégique chez soi, quelques bâches en plastique feront l’affaire pour couvrir les nombreux étals de rue, les marchés alimentaires et les boui-boui aux spécialités locales alléchantes.
La mode vestimentaire devra quand même s’adapter un poil à ce climat aquatique: vêtements légers au tissu qui sèche vite. Pas besoin de s’embarrasser de chaussures de ville, car les pieds seront inévitablement mouillés. La chaussure nationale est donc la paire de claquette! Passe-partout, on s’en débarrasse aussi facilement, pratique pour respecter la coutume locale d’enlever systématiquement ses chaussures dans les commerces, temples ou chez les gens.
Mais nous nous inquiétons déjà de vivre les mollets dans l’eau à entendre toute cette eau qui ne cesse de tomber. On ferait bien mieux de déguerpir avant de vivre un nouveau déluge! Et c’est alors qu’un miracle se produit, un “cessez-la-pluie” de quelques heures et tout redeviendra comme avant, grâce à l’action du soleil et à la végétation exubérante. Le premier sèchera la chaussée et les feuillages des forets. La deuxième boira goulument toute cette eau bienfaisante. On aura alors l’impression d’avoir inventé nos longues heures à regarder la pluie qui tombe jusqu’à … ce qu’une nouvelle averse nous rappelle à la réalité!