La Malaisie est l’un des premiers pays exportateurs d’huile de palme au monde
Nous avons fait la connaissance des plantations de palmiers à huile malaises dès le passage de la frontière entre Singapour et la Malaisie. Le bus nous conduisant à Kuala Lumpur, capitale malaise, nous a fait traverser des hectares et des hectares de plantations. Notre rencontre avec Shuk et Eton a fini d’attirer notre curiosité sur cette culture: le père de Shuk entretient une plantation dans le Nord du pays.
Après quelques recherches, nous apprenons que la Malaisie est l’un des premiers pays exportateurs d’huile de palme au monde, avec 17,7 millions de tonnes en 2008. Avec l’Indonésie, les deux pays exportent 85% de la production mondiale. Le secteur, en Malaisie, n’emploierait pas moins de 600 000 personnes (du fait de la difficulté de mécaniser la collecte du fruit), la plupart du temps des indonésiens, qui parlent la même langue que les malais. Nous avons été un peu surpris d’apprendre que la Malaisie exportait surtout au Premier Monde, n’étant pas habitué à voir cette huile dans nos rayons de supermarchés. Et pour cause, 80% de l’huile de palme est utilisée dans l’agro-alimentaire, 19% dans les cosmétiques et 1% dans l’agro-carburant.
Avec un rendement de 4 tonnes d’huile à l’hectare, elle est beaucoup plus compétitive que toutes les autres huiles sur le marché
De toutes les huiles présentes sur le marché, c’est l’huile de palme qui décroche la palme d’or avec 25% de consommation mondiale, tandis que l’huile de tournesol s’est faite devancer! La demande d’huile de palme aurait augmenter de 7% par an depuis 1995! Et ce n’est pas prêt de ralentir si les agro-carburants percent un jour. Il paraitrait que des usines de production d’agro diésel à partir d’huile de palme sont en construction à Singapour. Pourquoi cet empressement pour l’huile de palme ? Son prix évidemment! Avec un rendement de 4 tonnes d’huile à l’hectare, elle est beaucoup plus compétitive que toutes les autres huiles sur le marché. A titre de comparaison, l’huile de colza n’a un rendement que de 0,6 tonnes par hectare.
A la fin des années 80, le gouvernement malaisien a décidé de développer les plantations de palmiers à huile en vue de son exportation et il a fait des agriculteurs malaisiens les chenilles ouvrières de ce plan en leur distribuant des terres et en les détournant de leurs cultures de subsistance. Peut-être ne sont-ils pas soumis aux fluctuations du marché, car ils semblent vendre leur production à l’Etat selon un prix fixé par lui. A charge à ce dernier de transformer le fruit du palmier en bouteille d’huile. Ainsi, du processus de fabrication nous ne saurons rien. Shuk nous expliqua seulement la partie “agricole”.
Le palmier à huile est tout d’abord une plante pérenne, qui met 4 années à produire des fruits (dont un an en pépinière). Elle les produit toutes les deux semaines, ce qui ne laisse guère le temps de souffler entre deux collectes! Dans les plus grandes plantations, on ne s’arrête pas ramasser les fruits. D’autant, qu’il faut se garder d’avoir des plantes du même âge, car au bout de 20 ans, il faut les abattre pour en planter d’autres. Et ce, parce que le mode de collecte du fruit ne souffre pas une plante trop haute: on se sert de longs bâtons armés de faucilles pour couper le fruit. D’autre part, plus la plante est vieille et moins elle produit de fruits.
Les palmiers sont plantés en rangées parfaitement alignées de façon à faciliter les collectes. De même, le couvert végétal qui pousse aux pieds des plantes est constamment arraché pour ne pas gaspiller les précieux fertilisants qui boostent le rendement des palmiers.
Le développement des plantations se fait au détriment des forets primaires du pays
Même si le gouvernement malais veut rassurer en indiquant que le territoire de la Malaisie est toujours composé de 70% de forets tropicales. On comprend quand même que développement de cette culture se fait au détriment des forets primaires du pays, qui sont les plus vieilles au monde. C’est bien ce qui pose débat.
Récemment, l’Australie, le principal partenaire économique de la Malaisie, a proposé une nouvelle règlementation concernant l’étiquetage des produits agroalimentaires: que soit mentionnée spécifiquement l’utilisation de l’huile de palme jusqu’alors masquée par la mention “huile végétale”, et ce pour “conscientiser” le consommateur. En effet, on accuse l’huile de palme de multiples maux: non seulement de détruire des forets tropicales, mais également les habitats de multiples animaux qui vont de pair avec la foret, comme ceux des fameux orangs-outans, ou des tigres et enfin des éléphants, ou encore d’expulser des populations autochtones qui vivent encore dans la foret. Enfin, cerise sur le gâteau, cette huile ne serait pas bonne pour la santé!
Et comme toujours lorsqu’il y a controverse écologique dans un business, les entrepreneurs savent toujours inventer une démarche de “développement durable” qui les dédouaneront de tout soupçon! Il y a donc maintenant de l’huile de palme certifiée “durable”. Nous n’avons pas vraiment réussi à comprendre de quoi il retournait, si ce n’est la mise en place de “corridors de survie” pour la faune qui vivait dans la foret détruite pour l’installation d’une plantation.
Mais on serait bien malin de critiquer, car peut-on dire qu’il existe encore une vie sauvage en France? Et depuis quand n’avons-nous plus de forets primaires?