Il fut celui qui nous a recueilli sur la route de Rapa Nui alors que nous cherchions notre chemin pour randonner sur le volcan Terevaka. Il nous a avancé en voiture puis nous a offert un café chez lui, perdu dans les collines de Rapa Nui avec l’océan en décors de fond et des chevaux en liberté dans son immense terrain!
Sa vie est un roman (qu’il nous a conté pendant plus de deux heures…): il a été séminariste, psychologue, marin dans la marine chilienne, capitaine dans la société française CMA-CGM, reporter de guerre, architecte pour la municipalité de Hanga Roa, producteur de programme TV sur Rapa Nui, et éditeur d’une revue sur Rapa Nui (distribuée dans la liaison aérienne de l’île ! Respect).
Il se présente comme un génie et un intellectuel et, non sans quelques appréhensions de notre part, misanthrope… “Regardez comme personne ne passe devant la maison, elle est super isolée”.
Il parle rapa nui (il est rapa nui), français, espagnol et anglais, car il a voyagé partout dans le monde quand il était marin et capitaine. Il a quatre enfants et est marié à une française de Montpellier, c’est pourquoi il est très attaché à la France! “Vive la France” nous répète-t-il constamment. Il a d’ailleurs la nationalité française.
Comme tout bon baroudeur, il a eu envie de revenir à ses racines, se rapprocher de ses ancêtres, il est donc maintenant sédentaire à Rapa Nui.
Contrairement à d’autres, il n’est pas pour l’indépendance de l’île et ne se gêne pas pour le crier haut et fort, ce qui ne lui attire pas beaucoup d’amitié au village. Il nous a d’ailleurs demandé de taire son nom et de ne pas parler de notre rencontre (oups). S’il souhaite que l’île demeure sous la tutelle du Chili, c’est tout simplement pour des raisons de bon sens, nous explique-t-il, “si on ne sait pas faire venir de l’eau et du café, alors nous ne boirons plus de café sur l’île”. Il nous a ensuite avoué son addiction au café…
Sa rencontre fut comme voilée de mysticisme quand, jetant un coup d’oeil sur nos lignes de main, il a commencé à dévoiler notre futur… Alors, sachez que nous nous marierons dans deux ans, que nous habiterons en Espagne et que Claire aura un bon travail. Nous aurons deux enfants dont une fille qu’on appellera Valentina (ça colle si on est en Espagne, non?). Nous avons commencé à l’écouter avec intérêt quand il a dit à Claire “ne t’inquiète pas pour ton papa, ton frère et ta sœur, l’Espagne c’est pas si loin de la France”! Et puis pleins d’autres choses sur nos façons d’être que nous ne divulguerons pas dans ces pages… Nous sommes repartis de chez lui tout étourdis, comme si nous avions écouté un oracle.
Quel est la part de vrai dans ton discours Raphael? Il nous faut attendre deux ans pour le découvrir…