Avec ses cheveux longs, sa tenue décontractée et son franc-parler, on croirait le Président de l’association Chinchimén tout droit sorti du festival de Woodstock. A 60 ans, Ricardo Gonzalo Correa a su convertir son association en la bête noire des promoteurs immobiliers, et ce dans un objectif de conservation du littoral côtier de la région de Valparaiso. L’association se tient toujours prête à détecter le moindre défaut de procédure pour démanteler un projet de construction qui aurait pour conséquence la détérioration du patrimoine littoral qui s’étend sur une 100aine de km.
Amoureux de la nature, Ricardo passe ses weekends au parc de Quirilluca, sa paire de jumelles bien en main à scruter l’océan à la recherche de ses “pépites d’or”, les loutres marines. Il n’en n’est pas moins conscient de l’enjeu financier que représente l’écotourisme au Chili. C’est pourquoi le parc environnemental des falaises de Quirilluca est devenu peu à peu la vitrine de l’activité de l’association. Après une lutte de 10 ans, en 2004, la frange littorale et le bois de belloto ont été reconnus par le gouvernement local de Valparaiso comme des sites de haute valeur écologique. Juridiquement, cela n’oblige en rien le propriétaire de l’immense terrain de 1000 hectares dans lequel est situé la zone protégée seulement de 60 hectares. Jusqu’à aujourd’hui, ce particulier, n’avait rien fait construire et occupait son domaine à accueillir les vaches de son voisin et les promenades dominicales des habitants du coin ayant un droit de passage sur la propriété pour accéder à la plage de Quirilluca.
Mais demain tout pourrait changer si le terrain venait à être vendu, ce qui est le désir le plus cher de son propriétaire actuel. C’est pourquoi, en 2010, l’équipe de Chinchimén s’est installé sur le site, illégalement, pour assurer la vigilance de la zone et accueillir, entre autres, les militants écologiques, étudiants et autres scientifiques attirés par “l’irréductible” biodiversité du parc coincée entre, côté Nord, des stations balnéaires, et côté Sud, le complexe industriel de Ventanas. De là, il n’y avait qu’un pas pour développer un semblant d’activité éco-touristique. Même si elle n’en est qu’à ses débuts, l’association propose des visites guidées pour observer la faune et la flore du parc.
Mais, aujourd’hui, ce qui devait arriver arriva, le terrain a été vendu à une société immobilière. Peut-être un nouveau combat juridique à venir? “Pour l’instant, nous jouons le jeu de la négociation “ nous affirme Ricardo. De son côté, l’entreprise se dite prête à respecter une distance de “sécurité” entre les condominiums à venir et la frange littorale, reste encore à déterminer laquelle. Elle irait jusqu’à financer des installations dignes de ce nom au garde-parc. Qu’est-ce qui relève du rêveet de la réalité? Pour l’instant, l’association n’en sait rien mais elle dit rester sur ses gardes.
Malgré cette épée de Damoclès, l’association continue de mener ses petites affaires de conservation de cet écosystème d’exception. Avec son bataillon de bénévoles, elle organise des campagnes d’observation de la faune du coin (les fameuses loutres marines), régente la corvée de nettoyage de la plage de Quirilluca dont les courants marins rejettent quotidiennement son lot de déchets de notre société d’abondance, balise des sentiers dans le parc, et organise des sorties éducatives avec les écoles du coin.
Pour en savoir plus:
Le site de l’association Chinchimen: http://www.chinchimen.org/