L’île de Pâques… Il est forcément difficile de localiser ce petit bout de terre dans l’immensité de l’océan Pacifique mais dans l’imaginaire, ces mots magiques ont rapidement trouvé leur place. Cette île du bout du monde est un véritable phare humain dans l’obscurité de cette absence.
Un triangle de terre perdu là lorsque les continents en ont eu marre d’être collés ensemble et ont décidé de se séparer. Peut-être que ce confetti appartient-il à l’Australie qui, quittant l’Amérique du Sud avec perte et fracas l’aurait laissé tomber de sa valise? Une forte activité volcanique, il y a 3 millions d’année, a vu la naissance et l’émergence de deux volcans, le Poike et le Rano Kau, qui forment la pointe Est et Sud-Ouest de l’île. Le petit dernier, le Terevaka, les rejoignit il y a quelques centaines de milliers d’années pour former le territoire actuel de l’île de Pâques. Le Chili dont dépend Rapa Nui (le nom polynésien de l’île de Pâques) se trouve à 3700Km et la France, grâce à Tahiti à 4000Km. Cet isolement relatif n’a pas empêché les plus grands explorateurs de passer y faire un tour: 1774-James Cook, 1786 La Pérouse, 1872 Pierre Loti.
Si l’île de Pâques est habitée, elle le doit à la forte volonté expansionniste des polynésiens qui ont colonisé, dans un mouvement d’Ouest en Est, toutes les iles dans un triangle formé par Hawaï, la Nouvelle Zélande et Rapa Nui. D’après la légende, Hotu Matu’a (Le Grand-Père) serait arrivé vers 450 an après JC avec ses six enfants à bord de son double canoë. D’après les scientifiques, la plage de son arrivée varie entre 800 et 1200 an après JC. Ce n’est donc pas un hasard s’il est arrivé là, outre les grandes qualités de marin que cela implique puisqu’il existait une réelle politique expansionniste des polynésiens. Hotu Matu’a avait emporté avec lui l’arsenal du parfait petit colon: graines de plantes vivrières (banane, taro, patate douce…), réserve d’eau potable, poulet, et rat polynésien qui jouera un rôle par la suite. Il était sans doute parti des iles de Mangareva, Pitcairn ou Henderson, soit quand même à plus de 2000km, une quinzaine de jours de navigation. Si jusqu’à présent, la majorité des spécialistes s’accordait sur le fait que Rapa Nui avait été la dernière escale de cette conquête, , une nouvelle hypothèse défend le fait que les polynésiens auraient poussé jusqu’aux côtes de l ‘Amérique du Sud arguant de la ressemblance culturelle entre certains indiens comme les Mapuche et les polynésiens.
“Peu” de temps après la colonisation, les Pascuans édifient les premiers Moais, ces statues qui ont fait la renommée de l”île, juste une tête, un torse et les mains posées sur celui-ci. Par pure rigueur journalistique, il faut signaler l’hypothèse selon laquelle ce serait ces fichus extraterrestres qui auraient taillés les statues avec des lasers, sans doute les mêmes qui ont fait les lignes de Nazca ou le Machu Picchu. Les Moais représentent le culte rendu aux Anciens. Ainsi, ils tournent le dos à la mer et portent leur regard bienveillant sur la terre et leur peuple. Enigmatique figure de pierre, chaque moai se différencie des autres grâce à l’habilité des sculpteurs et chacun est empreint d’une sérénité et d’une majestuosité qui forcent le respect. Il y a 887 moais répertoriés sur l’île, la majorité en tuf, la moitié se trouve encore dans la carrière de Rano Raraku, un cratère de volcan. Le processus de gestation est alors visibles puisqu’il y a des moais à tous les stades de finition. Certains sont encore ancrés au cratère, d’autres n’attendent plus que d’être livrés sur le lieu sacré.
En moyenne, un moai mesure 4 mètres de haut, le plus grand sur un lieu de culte a atteint 10m (Te Pito Kura) et le plus grand jamais sculpté mais pas acheminé fait 21m pour plusieurs centaines de tonnes. Certains étaient coiffés d’un pukao fait de scories volcaniques rouges, représentant des cheveux remontés en chignon. Se promener à travers ce champs de moai revêt un caractère sacré, c’est avec la même solennité que dans un cimetière qu’on s’y perd. Ce lieu de création est empreint d’une tristesse séculaire, avec tous ces moais à flanc de volcan au regard perdu dans le lointain, témoin de la chute d’une civilisation. D’après la tradition orale, les moais “marchaient” de la carrière de Rano Raraku jusqu’aux lieux cérémoniels.Ce qui fait dire aux chercheurs qu’ils étaient en fait déplacés à la manière de réfrigérateurs, c’est-à-dire en position verticale, et en les faisant basculer alternativement sur la gauche et sur la droite. Les autres hypothèses plus conventionnelles supposent qu’ils étaient installés sur des traineaux de bois, eux-mêmes posés sur des rondins (puisque la roue n’existait pas) et poussés/tirés jusqu’à la plateforme cérémonielle (ahu). Les orbites étaient creusées sur place et lors des cérémonies religieuses, celles-ci étaient dotés d’yeux d’obsidienne.
A partir de 1680, des guerres tribales déchirent l’île et voient l’émergence d’un nouveau culte, celui de l’homme-oiseau et du dieu Make-Make. Les moais sont alors les victimes expiatoires de ces guerres et sont jetés à terre. Si les premiers européens à visiter Rapa Nui, et notamment Pierre Loti ont eu la chance d’en voir encore debout, tous sans exception ont été détruits. Victime de décapitation, comme du temps de la révolution française. Les pascuans les jetaient à terre, une pierre placée à l’endroit de leur chute faisait office de guillotine. Ceux que les touristes découvrent aujourd’hui debout sur leur ahu sont le fruit d’un important travail de restauration. La chute des moais marquent la longue descente aux enfers de la société pascuane.
3 comments
ça fait rêver…
Profitez bien 🙂
cela doit être impressionant de se promener au milieu d’eux..
On se sent tout petit…