Rencontre à la croisée des chemins: Don Pablo

 

 

 

 

Un enfant bolivien

C’est à un homme tranquille auquel nous avons affaire, quelqu’un de discret et d’agréable à vivre. Une force tranquille se dégage de sa personne. Lorsque nous le voyons travailler, sa rigueur, son sérieux et son enthousiasme nous impressionnent d’autant qu’il ne compte pas les heures, du moment qu’il y a de l’œuvre. Il sait se souvenir d’où il vient et des efforts qu’il a du consentir pour être ce qu’il est aujourd’hui.

Quand nous approfondissons la conversation avec lui, il nous confie avoir fuit le futur de misère qui l’attendait dans son village natal de l’altiplano bolivien. A 13 ans, il se retrouve, seul, à La Paz la tentaculaire, la désordonnée, l’impersonnelle: la jungle urbaine. Pour survivre, il s’essaie à tous les petits boulots : cireur de chaussures, gardien de voitures, vendeur de glaces dans la rue, réparateur de câble TV, cordonnier, menuisier etc, etc… Il est trimballé au gré des opportunités et au fil du temps dans cette précarité qui ne le sort pas de la misère. Finalement à force d’abnégation et de travail, la roue tourne et un jour, on lui propose enfin un contrat à durée indéterminé et un bon salaire.

Nous revienne alors en tête la vision de tous ces enfants de la Paz qui travaillent dans la rue. Se pourrait-il qu’ils aient tous le même itinéraire que Pablo: déraciné, sans famille, à dormir dans la rue, tout en restant suffisamment digne pour mériter sa pitance en travaillant, même en vendant trois chewing-gums ? Pour un qui s’en sort comme Pablo, combien sombreront dans la misère absolue, la criminalité ou la drogue?

Au travail, Pablo court partout, il s’agite, fait 1000 choses à la fois, distribue les tâches à la ronde, mais il sait rester d’une patience légendaire quand il s’agit d’expliquer et de ré-expliquer ou de montrer à nouveau. Sa foi et sa ferveur chrétienne semblent avoir été son soutien pendant ces longues années de galère, il dit trouver de nombreuses réponses à ses questions existentielles dans la Sainte-Bible.

L’ombre de ce passé difficile plane encore sur son visage, elle est tant caractéristique des adultes qui n’ont pas eu d’enfance. Mais il ne faut pas se tromper, il est encore possible de s’abandonner pour rire, sourire, s’amuser.