Qui choisit les films dans les bus?

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Photo non-contractuelle

Quand le bus se transforme en salle de cinéma…

Une vraie question se pose lorsqu’on a pris le parti de voyager en bus plutôt qu’en avion ou tout autre moyen de locomotion: qui choisit les films qui sont diffusés pendant le trajet? S’agit-il d’une réelle politique entrepreneuriale visant à conquérir le client par une sélection pertinente et raffinée en accord avec les gouts de celui-ci ou bien, est-ce à l’initiative du chauffeur, et dans ce cas-là, pourquoi tous les chauffeurs de bus d’Amérique du Sud ont-ils les mêmes gouts ?

Le film commence généralement une demi-heure, une heure après le départ du bus. En journée, les films se succèdent toutes les deux/trois heures mais à partir de 22h, c’est l’extinction des feux. Il y a toujours un petit moment d’appréhension, voire d’excitation: le film va-t-il commencer, y aura-t-on droit?  Telle une sucrerie douce-amère, l’envie de voir un film bien calé dans son fauteuil se partage avec la certitude  que l’on sera forcément déçu car il y a peu de chance que le spectacle offert corresponde à ses gouts. Dans l’optique d’une bonne séance de cinéma, il est important de bien choisir sa place dans le bus ! Généralement, il y a deux écrans: un à l’avant et l’autre au milieu. Trop près et le torticolis est assuré; trop loin, et c’est la fatigue garantie à guetter le timbre-poste qui s’anime là-bas tout au fond. A l’achat du billet, il faut donc viser le milieu, enfin surtout le deuxième et le troisième quart du bus !

La première déception vient de la qualité du matériel: pas de son, l’image de toutes les couleurs sauf la bonne, ou pire, l’ultime outrage : la télé qui ne fonctionne pas! 6 heures de bus à regarder cet écran noir qui vous nargue, le supplice!  Mais passons outre, car le film va bientôt commencer.

… où il n’est pas possible de choisir son film!

Deux grandes catégories se détachent: les films d’action et les comédies romantiques, toutes les deux de production uniquement américaine. Pas de production locale ni européenne ou asiatique. Toutefois, le taux d’hémoglobine versé durant le long-métrage n’excède pas une certaine quantité. Le film doit être visible de 7 à 77 ans sans choquer ou froisser qui que ce soit. Sont donc exclus de cette sélection les films où trop de sang coule, les films qui font peur, les scènes dénudés et les documentaires.

Un fait étrange qui amène à penser qu’il doit exister un cahier des charges de la programmation; dans deux bus différents, deux films au scénario quasi-identiques (Big Mammas / White Chicks et Mr Woodcock/Fils à maman). D’où l’interrogation légitime qui fait le titre de cet article: qui a autorité pour choisir les films  diffusés? Comment font-ils pour qu’on ne voit jamais deux fois le même film? Existe-il une instance supérieure qui détermine une liste de film diffusable? Premier élément de réponse, il semblerait qu’il y ait une corrélation entre le prix du billet et la qualité des films. Les bus les plus chers présentent les films à plus gros budgets tandis que les autres se contentent de films de seconde catégorie.

Il faut reconnaitre que même s’il s’agit de films de seconde catégorie, il arrive parfois que le paysage traversé atteigne ses limites et que l’on s’en lasse, alors se reposer devant l’un de ses chef-d’œuvre devient agréable. Mais le mystère reste entier et l’on ne répond en rien à la question posée. Il faudra sans doute pousser encore plus loin l’expérimentation afin d’accumuler plus de données et tirer les conclusions qu’il se doit.

Filmographie

Mr Woodcock

Fils à maman

Driver

Never let me go

Slumdog Millionaire

Sunshine

Big Mammas

Le Monde de Narnia 3

X-men 2

No string attached

Cloverfield

White chicks

Banlieue 13 (Seul film étranger, français de plus: cocorico!)

Apocalypto

The Tourist

Numero 4

Nanny Mc Phee