La traversée des Andes par San Martin

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Affiche du film

Un film d’intérêt culturel

La sortie du film argentin “Revolucion, el cruce de los Andes” de Leandro Ipiña a été déclaré “d’intérêt culturel” par le gouvernement argentin. Il a surtout été l’occasion pour nous de découvrir une partie de l’histoire de l’indépendance de l’Argentine et ce faisant de l’Amérique du Sud.

Dans une salle de cinéma de Jujuy, remplie d’enfants mangeant des pop-corns et buvant du coca-cola, nous faisons également la connaissance d’un héros national argentin de l’indépendance: San-Martin.

Inspiré par la guerre d’indépendance des Etats-Unis et par les principes de liberté et d’égalité impulsée par la révolution française, San Martin a non seulement participé à la libération de l’Argentine mais aussi du Chili et du Pérou, parce qu’il croyait profondément en l’unité du sous-continent américain.

L’utopie d’une confédération sud-américaine comme dénouement des guerres d’indépendance

A ce titre, il proposa, avec un autre héros de l’indépendance du sous-continent, Bolivar, la création d’une confédération sud-américaine qui aurait respecté la souveraineté interne de ses pays membres mais aurait mené une politique extérieure commune. Malheureusement, au sortir des guerres d’indépendance contre le colonisateur espagnol, les nouveaux pays d’Amérique du Sud avaient plutôt en tête de se livrer bataille pour élargir leurs territoires que de travailler ensemble! Ainsi, de nombreuses guerres ont suivi celles de l’indépendance ayant pour objet la délimitation des frontières, pour n’en citer que quelques unes: la guerre du Chaco entre le Paraguay et la Bolivie, la guerre du littoral entre le Chili et la Bolivie, la guerre entre le Brésil et l’Argentine, etc. Encore aujourd’hui, la délimitation des frontières n’est pas clos, comme nous le découvrirons en Bolivie.

San Martin était quelqu’un d’extrêmement libéral sur le plan politique pour son époque. Il avait, par exemple, pensé qu’un descendant d’inca devrait présider la fameuse confédération sud-américaine! Cette idée n’a évidemment reçu aucun écho favorable de la part des créoles (les descendants des espagnols installés sur le sous-continent à partir du XVème siècle), le groupe ethnique moteur dans ces guerres d’indépendances. Finalement, les peuples pré-colombiens ont peu participé à ces guerres, ce qui peut expliquer pourquoi ils continuent d’être discriminés dans tout le continent américain encore aujourd’hui.

San Martin, un héros post-mortem!

Déçu par l’évolution des évènements en Argentine suite à l’indépendance (guerres civiles et compagnie), San Martin quittera ses occupations politiques et s’exilera en France où il deviendra professeur à l’école militaire de Saint Cyr (les argentins sont d’ailleurs encore reconnaissants vis-à-vis de la France d’avoir accueilli leur héros national). Il mourra en France en 1850 à Boulogne-sur-Mer. Ce n’est qu’en 1880 que les dirigeants argentins se souvinrent de ce personnage clé de leur histoire et décidèrent de rapatrier ses cendres et d’en faire un héros national de l’indépendance du pays. Aujourd’hui, toutes les villes et villages d’Argentine ont une rue ou une place San Martin! Le billet de deux pesos porte aussi sa figure.

Ce qui a rendu célèbre San Martin (et qui est l’objet du film “Revolucion, el cruce de los Andes”), c’est l’épisode militaire de la traversée des Andes au niveau de la province de Cuyo, en 1817, pour venir en aide aux chiliens en proie à de cruelles défaites vis-à-vis des royalistes (partisans du maintien des espagnols). San Martin forma alors une armée de 1 200 militaires et
4 000 civils pour l’accompagner dans son projet, dénommée “l’armée des Andes”. Il mit deux ans pour organiser l’expédition. La traversée des Andes obligea ce contingent à passer par des chemins à plus de 3 000 mètres d’altitude où la neige et le froid ont contribué à durcir considérablement les conditions de vie de l’expédition. De nombreux hommes périrent lors de cette traversée.

Finalement, cette aide précieuse fut un facteur décisif dans la conquête de l’indépendance du Chili, symbolisée par la célèbre bataille de Chacabuco du 12 février 1817.