Quand on arrive à La Paz que ce soit par la route ou via l’aéroport, on aperçoit d’abord la ville nouvelle de El Alto (Le Haut). Ce n’est pas exactement un bidonville mais ça y ressemble. Là n’est pas le point, ce qui est important dans notre cas, c’est que El Alto se trouve sur l’Altiplano, à près de 4000m d’altitude. L’Altiplano, c’est haut mais c’est plat (d’où son nom).
Quand ensommeillé, votre tête dodeline sur la vitre du bus, par les paupières entrouvertes défilent les bâtiments couleur terre de El Alto, soudain la terre s’ouvre mettant un terme à ce paysage monotone et sans saveur. Comme si le monde s’arrêtait ici. Il n’y a pas meilleure image que celle de se croire arriver à la fin du monde, du temps où la terre était plate.
Au niveau de la déchirure, un morceau de ciel a dû choir: une myriade de lumières dorées et argentées scintillent, Nuestra Señora de la Paz / Notre Dame de la Paix. En toile de fond, l’Illimani (6400m) aux trois pics enneigés se pare des couleurs de l’aube naissante ou de celles du crépuscule. La Paz est une ville ou l’on se doit d’arriver tôt le matin ou en début de soirée !
L’eau a fait son œuvre façonnant le paysage, cassant le plateau pour le découper en vallées. Sur ces vallées aux pentes abruptes, la cupidité de l‘homme y a installé une ville. A sa naissance, le 20 Octobre 1548, La Paz était installée quelques kilomètres plus loin à Laja, cependant, la découverte d’une mine d’or a fait se déplacer la ville. Depuis, la mine s’est épuisée mais la greffe a pris et la cité a bien poussé (1.6 millions d’habitant) à flanc de montagnes. Développée dans la vallée Chuquiago Marka, le long d’une rivière putride, La Paz est officiellement à 3 600m. Pour mémoire, le plus haut village français Saint-Véran culmine lui à 2 042m pour 290 habitants.
Mais ce qu’on ne vous dit pas, c’est qu’au fond de la vallée, il n’y a de place que pour une avenue, le reste de la ville est littéralement installée sur les versants. La Paz est une ville verticale non pas à cause des immeubles, comme on pourrait qualifier New York, mais de cette colonisation des pentes abruptes.
D’ailleurs, l’architecture mime l’écosystème de la rivière en milieu désertique: les immeubles de plusieurs étages suivent le cours d’eau à la manière d’arbres tandis que, plus on s’en éloigne, plus la végétation se fait rare et les maisons gagnent en modestie. A la différence de notre mode de pensée européen, les pauvres occupent les hauteurs avec donc la meilleure vue mais avec des risques plus importants de glissement de terrain, alors que les riches sont au bas de la vallée. Entre ces deux extrêmes économiques, un dénivelé de 1000m les sépare.
Dans le reste de la ville, il faut s’attendre à souffrir, si vous ne suivez pas le Prado (l’avenue principale), chaque rue peut se transformer en véritable épreuve sportive, requérant de bonnes jambes et un tout aussi bon souffle. Ce n’est pas exactement la ville propice à la flânerie ! Mais une fois que vous aurez dompté ses paramètres, elle saura se livrer à vous !
2 comments