La légende de la coca de Dora Justiniano de la Rocha

   

La légende de la Coca

La feuille de Coca est accessible facilement en Bolivie, contrairement en Argentine

Nous avons fait la connaissance de la feuille de coca, pour la toute première fois, dans le Nord-Ouest Argentin. Tout d’abord, nous l’observions avec un peu de scepticisme, lié à nos a-priori d’européens: est-ce une drogue, peut-on en devenir dépendant, est-ce que c’est mauvais pour la santé, etc.

Il faut dire qu’elle est interdite à la consommation en Argentine sauf pour les indiens, qui la mastiquent depuis des centaines d’années. En effet, c’est à partir de la feuille de coca qu’est dérivée la cocaïne après un processus chimique que nous ne voulons pas connaitre! C’est pourquoi, cette plante, qui est cultivée dans les régions humides de Bolivie, Pérou, etc… est diabolisée dans les pays du Nord car associée aux trafics de drogues. A ce titre, la culture de la coca est règlementée en Bolivie. Il faut avoir une autorisation gouvernementale pour la cultiver de façon à pouvoir tracer les ventes par la suite… mais il existe des champs de culture illégaux.

Elle est très utile pour supporter l’altitude

Avant qu’elle ne devienne cocaïne, la feuille de coca est une plante inoffensive aux multiples vertus tant et si bien qu’on la surnomme la “hoja magica” ou la feuille magique. Elle donne de l’énergie, coupe la faim (tout en ayant des vertus nutritives), aide à la digestion, à supporter l’altitude et le manque d’oxygène associé.

Au départ, pour toutes les raisons évoquées dans le 2ème paragraphe, nous étions réticents à la mastiquer. Puis en Bolivie, elle nous a été fortement recommandée lors d’une balade de 4 jours nous conduisant à des niveaux d’altitude très élevés (jusqu’à 5 000 mètres). Nous avons alors apprécié son goût et sa texture. Elle peut être soit mastiquée ou utilisée en infusion (le maté de coca). Il est aussi possible de trouver des bonbons, des gâteaux à base de feuille de coca.

En Bolivie, elle est surtout mastiquée par les travailleurs exerçant un métier manuel nécessitant force et énergie, comme les mineurs ou les camionneurs. On en trouve partout en Bolivie, dans la rue, dans les marchés.

Une très belle légende sur la Coca nous a été contée à La Paz

C’est à l’occasion de notre séjour à La Paz au sein de l’association Inti Illimani que nous avons découvert une légende sur la coca, écrite par Dora Justiniano de la Rocha, la belle-mère de la secrétaire générale d’Inti Illimani. Nous voulions la partager avec vous:

Il existe une légende depuis des temps très anciens. Elle nous raconte que Khana Chuyma, un sorcier entre les sages, s’occupait du temple du soleil du Titicaca sacré. Avec révérence et très soigneusement, il accomplissait fièrement son travail.

Khana, le grand devin au service de l’empereur inca a prédit un destin incertain: “des hommes blancs sont déjà en train de se rapprocher. Ils viennent de terres très lointaines. Ils s’apprêtent à piller les trésors cachés des quechas et des aymaras”.

Quel destin malheureux! Il faut cacher les trésors du temple du soleil. Qu’il ne reste aucun vestige pour les âmes étrangères. Ces trésors seront sans danger dans le lac sacré de Titicaca. Qu’il garde pour lui tout cet or!

Connaissant les secrets de Khana Chuyma, les espagnols le cherchèrent partout et rapidement l’emprisonnèrent. Avides de richesse, ils lui firent subirent mille tourments. Fatigué de tant de cruauté, Khana leur donna de jolis filigranes.

Pour Khana, cette singulière prévision fut un vrai martyr. Plus tard, il rêva de son Dieu Soleil, il lui apparut, irradiant derrière une montagne et il lui dit d’un ton résigné: “mon pouvoir ne peut rien contre ces dieux de blancs”.

Secoué, Khana le supplia: “Mon Dieu, donne-moi une faveur, une faveur durable qui consolera mes frères de leurs douleurs et misères”. Et c’est alors que l’être supérieur des Andes leur donna cette grâce.

Dans les hauteurs d’une montagne, très fatigué, le sorcier Khana, écouta la voix du Dieu Soleil: “Regarde autour de toi ces petites plantes de feuilles vertes et ovales. Je les ai fait germer pour toi et c’est un miracle en ce jour.

 C’est de la coca, et ses feuilles donneront de la force à celui qui les mastiquera, elles endormiront la peine et calmeront la fatigue”. Khana retourna dans sa cabane, content du présage qu’il révéla aussitôt.

“Et dans le fond de la mine, quand le travail vous submergera, d’extraire des montagnes, l’or, l’argent et le cuivre et tant d’autres métaux précieux, alors mastiquez de la coca: vous supporterez la pénombre et la terreur qui domine dans ces bas-fonds.

 A l’inverse, si l’homme blanc en absorbe, il lui arrivera alors le contraire, il perdra la tête, il deviendra bête jusqu’à en devenir fou. Pour l’indien, ce sera le bien-être.”

“Pour connaitre le futur, on jette les feuilles de coca au vent et elles tomberont en dessinant des formes et c’est ainsi que ce qui est obscur se clarifiera et l’esprit sera encouragé par des prédictions optimistes qui le conduiront sur le bon chemin”.

Khana Chuyma en mourant, répéta ceci à ses frères: “cultivez avec beaucoup de soin cette plante merveilleuse qui nous a été léguée par notre Dieu Soleil, faites attention à ce qu’elle ne s’éteigne pas”. Et le sorcier moribond soupira profondément.

Ses frères Aymara étaient tristes que ce grand sorcier cesse de vivre. Ils le veillèrent pendant trois jours. Ils le pleurèrent avec beaucoup de douleur. Et sa tombe fut entourée des petites plantes de coca, qui poussèrent avec beaucoup de ferveur.

Les Aymaras conversèrent beaucoup sur la coca et ses mystères, car autour d’eux, la verdure de la feuille les éblouissait. Ils la mastiquèrent et promirent de s’en occuper. Ainsi leur tristesse se dissipa et ils restèrent admiratifs devant la coca.

Avec vénération et amour à l’immortel Khana, les habitants du lieu propagèrent les bienfaits de cette plante mystérieuse. Ils la cultivent depuis lors. Ils s’en servent comme médicament s’ils sont fatigués ou s’ils souffrent de quelques maux.

Le temps passa et la coca s’est transformée en un problème social, à cause des convoités dollars, la coca est mélangée avec des produits chimiques pour la convertir en drogue et elle est ainsi utilisée par des innocents qui se complaisent dans des fantasmes.

Tout ceci conduit à de la violence et à l’expansion des narcos qui ont développé de caustiques compétences pour s’enrichir de la cocaïne. En générant tout ce mal-être, la société court un grand risque.

La coca est extraordinaire, nous ne devons pas l’éloigner de son état naturel. Elle ne fait aucun mal aux agriculteurs, ni aux voyageurs. La coca n’est pas de la cocaïne. Ce n’est pas non plus une feuille malicieuse dans sa forme première.

Pour tout cela, nous exigeons que toutes les nations prennent conscience qu’il faut respecter notre coca et ne pas consommer de cocaïne! Il faut dire non aux narcotrafiquants et aux barons de la drogue! Il faut lutter contre le mal pour être pour toujours dignes!