Qu’est-ce qu’un pays en voie de développement?

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L’enseigne dit “nous prêtons en liquide”

Alors que nous déambulions dans les rues de Buenos Aires, Tucuman, Salta ou Jujuy, nous nous interrogions sur la définition d’un pays en développement, dont l’Argentine ferait partie.

Les Argentins ont accès aux mêmes services et produits de consommation dans les pays du Nord

En effet, ces grands centres urbains offrent tous les services et produits de consommation que nous pouvons trouver chez nous, “les pays développés”: enseignes de grandes distributions, prêt-à-porter, appareils électroniques, cinéma, concessions automobiles, équipements culturels et sportifs, grands restaurants, hôtels de luxe, sans oublier les services collectifs de base: eau potable (quoiqu’en dise le Lonely Planet…), électricité h24, assainissement des eaux usées et ramassage des déchets ménagers.

Si nous n’avons pas noté de grandes différences en terme de niveau de vie pour les argentins que nous pu rencontrer, quels peuvent-donc être les critères de définition d’un pays en voie de développement?

Au fur et à mesure de notre séjour, notre œil s’aiguise et nos conversations avec les argentins s’approfondissent. Nous pouvons observer que tous les produits de consommation courante peuvent être achetés à crédit (de la simple paire de chaussures, aux courses alimentaires du supermarché, etc.). Il existe une multitude d’entreprises qui distribuent des prêts de petits montants directement en cash, sans que ces dernières ne soient considérées comme des institutions de micro-finance, c’est-à-dire ayant pour objet social d’accompagner des porteurs de projets économiques qui sont des micro-entrepreneurs. Nous reviendrons sur le thème du crédit qui est intimement lié à l’inflation, phénomène récurrent et dont se plaignent tous les argentins.

Les écarts de richesse sont plus visibles que dans les pays du Nord

Il y aussi le thème omniprésent de l’insécurité. Certains quartiers sont des poches de pauvreté entourant les grands centres urbains liés à l’urbanisation du pays. Les conditions de vie sont meilleures en ville qu’en zone rurale et il est plus facile d’y trouver du travail, alors il y a beaucoup de migrations internes, mais la construction de logements décents ne suit pas…

Pourtant, nous avons surtout pu observer des villas magnifiques dans certains quartiers chics de Buenos Aires ou dans le Nord-Ouest argentin, avec piscines et terrains immenses. Il y a donc également des “poches de richesse” symbolisé par les “barrios privados”, des lotissements pour gens riches entourés de grillages ou de murs et dont l’entrée est surveillée h24 par un agent de sécurité. Pour vous rendre compte des conditions de vie, nous vous invitons à visionner le film argentin “las viudas de los jueves” (les veuves du jeudi) de Marcelo Piñeyro et dont l’intrigue se passe dans un “barrio privado” proche de Buenos Aires.

Ainsi, les inégalités économiques mais surtout l’absence de redistribution institutionnelle pourraient être des critères de “sous-développement”. Cette absence de redistribution serait en train de changer grâce à l’actuelle présidente, Madame K (Christina Kirschner Fernandez), ce qui fait débat et controverse au sein de la société argentine.

La redistribution institutionnelle n’est pas consensuelle

De nombreuses personnes avec lesquelles nous avons pu échanger nous ont indiqué que c’était des “bonbons” distribués aux pauvres pour acheter des voix électorales ou encore que ces mesures de redistribution allaient à l’encontre de la dignité humaine ou enfin que c’était donner de l’argent à des gens qui ne servent à rien. Évidemment, ces paroles nous choquent de notre point de vue d’européens habitués à un système économique social-démocrate. Mais, cela nous permet aussi de nous rendre compte que la redistribution institutionnelle ne va pas de soi et qu’elle n’est pas toujours perçue comme un facteur de cohésion sociale et de bien-être social. Mais c’était sans oublier combien l’Argentine a expérimenté pendant de nombreuses années les théories économiques de l’ultra-libéralisme économique dans ses formes les plus extrêmes!

Nous ne répondons pas vraiment à la question des critères de définition d’un pays en voie de développement, mais nous espérons que nos amis qui travaillent dans l’humanitaire ou dans l’aide au développement sauront contribuer en postant des commentaires: d’avance merci!