Dakar, capitale du Sénégal, plus de 3 millions d’habitants sur une population totale de 12 millions (soit 25% de la population);
Un centre urbain atteint de fièvre immobilière avec ses centaines d’immeubles en construction;
Une ville parcourue de porsches cayennes et de 4×4;
Une presqu’île ouverte sur l’océan Atlantique avec ses villas, pelouses, jardins fleuris, son casino et son centre commercial “sea plaza”;
Une cité organisatrice du premier FESMAN depuis Senghor, le festival mondial des arts nègres, qui pendant un mois a réuni des centaines d’artistes africains, des chefs d’Etat africains et des milliers de dakarois;
De ses mamelles (les deux collines de Dakar), domine la statue de la Renaissance africaine, monument gigantesque construit par son Excellence Maitre Abdoulaye Wade (Président du Sénégal).
Et, pour tous les autres… plusieurs fois par jour, le délestage : késako?
Le délestage, l’œuvre de la fatalité
Ce doux euphémisme désigne les intempestives coupures d’électricité qui ponctuent le quotidien des dakarois. Nous l’observons tous les jours depuis notre arrivée à Dakar, elles ne sont ni planifiées ni anticipées, c’est juste la fatalité quoi!
En tant que voyageur de passage, nous ne les subissons pas, mais que dire des multiples travailleurs dont les métiers exigent l’électricité?
Les plus riches s’équipent en groupes électrogènes. Ainsi, on repère tout de suite les délestages aux bruits des groupes dans la rue.
Pour les autres? Il faut attendre que le courant revienne pour continuer le travail, il n’y a pas grand chose d’autres à faire!
Et quand la nuit tombe, pour ne pas se coucher aux heures des poules, on utilise bougies, lampes torches fabriquées en Chine (pas chères!), lampes frontales ou son téléphone portable spécialement équipé d’une lampe.
Alors qu’en Europe, des commandos se mettent en place contre les enseignes commerciales qui éclairent inutilement la nuit en sus de l’éclairage public, ici, ces néons constituent l’unique source de lumière, avec les phares des voitures !
La nuit, pendant une coupure, les inégalités sont encore plus criantes: alors que dans la plupart des foyers on s’éclaire à la bougie, on ne peut que regarder avec une certaine jalousie les immenses baies vitrées éclairées des belles villas, les multiples guirlandes lumineuses des restaurants…
Comment expliquer ces coupures incessantes dans la distribution d’électricité? D’ailleurs, comment est produite cette électricité qui fait tant défaut et par qui?
Où l’énergie solaire n’est pas source d’électricité
La Sénélec est l’unique entreprise sénégalaise de distribution de l’électricité, c’est une société anonyme détenue en majorité par des capitaux publics. 80% de l’électricité est produite grâce au fuel! Le Sénégal n’ayant pas de pétrole, il est donc totalement dépendant des pays producteurs et ainsi de la fluctuation des prix mondiaux.
Dans un pays où le soleil est tous les jours au rendez-vous, quel dommage que l’énergie solaire ne se développe pas ! Ce sont des particuliers, des propriétaires d’hôtel qui s’équipent en panneaux solaires, mais pas les pouvoirs publics.
De temps en temps, les jeunes sénégalais des quartiers populaires s’énervent et font bruler des pneus, des bus et le courant est rétabli de façon continue pendant quelques jours. D’ailleurs, la distribution n’est pas coupée pendant quelques moments clés de la vie des dakarois: la coupe de football d’Afrique, le ramadan.
L’explication officielle relève du principe de précaution: la qualité du fuel n’étant pas assurée, il faut la vérifier, ce qui retarde sa distribution. Officieusement, c’est la vétusté des équipements et des problèmes de gestion.
Quel qu’en soient les causes, ces délestages ont des impacts économiques considérables! Outre les manques à gagner en termes de commandes, clientèles, etc, il faut ajouter le coût d’acquisition et de maintenance des groupes électrogènes.
En terme de santé publique également! Mieux vaut ne pas succomber à la gourmandise de manger une glace ou un yaourt à Dakar!