A une heure de Dakar, empruntant des pistes cabossées à partager avec piétons, ânes, chevaux et troupeaux, nous découvrons un lieu hautement touristique du Sénégal: le lac rose.
Après la jungle urbaine de Dakar, nous apprécions la tranquillité de ce lieu… tant que nous restons éloignés du marché artisanal! Nous logeons dans un “campement” : un établissement hébergeant des touristes reproduisant les “cases traditionnelles’” des villages africains.
Le lac rose est une étendue d’eau de 5 km de longueur, de 800 mètres de largeur et de 3 mètres de profondeur, qui tient son nom à la couleur de son eau, due à un organisme microscopique qui fabrique un pigment rouge pour résister à la concentration de sel.
En effet, la particularité du lac rose est sa concentration en sel : 380 grammes par litre! Un important dépôt de sel se forme dans le fond du lac en raison de sa proximité avec l’océan atlantique, juste séparé par quelques dunes de sables. La connexion entre le lac et l’océan se ferait en-dessous des dunes.
En plus du tourisme, la principale activité économique du coin est donc l’extraction du sel du lac rose. Tout est fait manuellement par un millier d’acteurs indépendants. Chacun tient un rôle bien défini :
Les loueurs de pirogues: le sel est extrait à partir de pirogues. Le cout d’acquisition d’une pirogue est de 120 000 FCFA (180 euros) qu’il faut entretenir et réparer régulièrement du fait de la détérioration liée au sel;
Les ramasseurs: c’est le métier le plus dur. Il faut casser le sel déposé dans le fond du lac à l’aide de pics puis le ramasser avec une pelle pour le filtrer avec un tamis. La position d’extraction la plus efficace est debout dans l’eau.
Or l’eau salée n’est pas bonne pour la peau et il y a beaucoup de parasites dans le lac du fait de la chaleur. Il n’est pas possible de rester plus de trois heures dans l’eau d’affilée! Dans ce laps de temps, on extrait une tonne de sel.
La plupart du temps, ce métier est saisonnier, il est pratiqué un ou deux ans maximum par des étrangers (maliens, guinéens);
Les femmes: elles débarquent le sel de la pirogue sur les berges à l’aide de bassines qu’elles positionnent sur leur tête (plus de 30 kg!);
Ceux qui retournent le sel: une fois extrait, la prochaine étape est de faire sécher le sel au soleil, il faut donc retourner les amas de sel;
Ceux qui traitent le sel avec de l’iode pour faciliter son exportation et sa conservation;
Ceux qui transportent le sel : nous assistons à un défilé incessant de camions qui partent à travers l’Afrique ou à Dakar pour être embarqué sur des cargos.
Le sel est acheté 20 000 FCFA la tonne et est utilisé en Afrique : comme sel de table ou pour la conservation du poisson, en Europe: pour l’entretien des routes en hiver. Environ 24 000 tonnes de sel sont exportés tous les ans.
Le lac rose…
C’était aussi l’ultime étape du Paris-Dakar, la célèbre course de voitures. Tout le monde en parle comme de l’âge d’or…