Les marais de Kaw, une visite incontournable de tout séjour en Guyane
Après deux ans passés en Guyane, nous avons enfin mis les pieds à Kaw ! C’était LA frustration depuis notre arrivée sur le territoire, mais la perspective de passer plusieurs heures en pirogue enceinte puis avec un bébé « pleurnicheur » nous avait toujours freinés dans cette entreprise…
C’est en allant au salon du tourisme de Guyane, que nous avons découvert ce moyen de transport « tout confort » que représente le Morpho. Il s’agit d’un bateau à moteur, très stable, avec des sièges à dossier, dans lequel on peut se mettre debout et déambuler et qui est à peu près sécurisé par rapport à l’eau. Le dernier immense avantage est d’être protégé du soleil et de la pluie par un toit, sur lequel on peut accéder pour avoir une vision 360° du marais. Bref, c’est un moyen de transport à recommander vivement pour les familles avec enfants en bas âges.
Ayant dormi la veille au camp caïman, nous n’étions qu’à une demi-heure du dégrad de Kaw, l’embarcadère pour visiter les marais de Kaw – et pour se rendre également au village de Kaw. Les deux guides qui organisent la journée, préparent le bateau, ils enchaînent ainsi quatre jours d’excursion sur le marais : un groupe journée (9h30 – 15h) et un de nuit (15h30 – 9h). En effet, il est possible de dormir la nuit sur le bateau, même si on se demande comment, étant donné sa taille ! Le distributeur à bouchon d’oreilles dans les toilettes sèches donne un petit aperçu de l’ambiance nocturne…
Après quelques mots d’introduction sur les marais – troisième réserve naturelle de France de par sa superficie (94.700 hectares) ainsi que la plus vaste zone humide de France – nous nous lançons à sa découverte, à travers la rivière Kaw qui en est la « route d’accès ». Déjà, nous pouvons nous rendre compte de l’incroyable faune du marais en observant tous les oiseaux qui nous entourent : les jacanas noirs, moucherolles à tête blanche, grand héron, cormoran, sturnelles, grande aigrette, et tant d’autres dont je n’ai malheureusement pas retenu le nom.
Où les caïmans sont les amis de l’homme
Il faut également deviner tout ce qu’on ne voit pas, comme les célèbres caïmans qui ont fait la réputation de la place. En effet, les quatre espèces de caïmans installés en Guyane sont visibles dans les marais : caïmans noirs, rouges, gris et à lunette. En général, il faut visiter les marais de nuit pour avoir une chance de les apercevoir. Grâce au faisceau de lumière des lampes de poches, on distingue leurs yeux dans l’obscurité et il est alors possible d’aller les « cueillir », ce qui constitue la grande attraction du marais : se faire prendre en photo avec un caïman dans les bras. Evidemment, ce sont, la plupart du temps, les caïmans rouges qui sont ainsi prélevés car les plus petits des quatre espèces. Réputés non dangereux pour l’homme, quelques « incidents » ont, cependant, obligé les opérateurs touristiques à plus de prudence, et il est désormais rare de pouvoir les « câliner ». Le renforcement de la réglementation pour leur protection explique également qu’on vienne de moins en moins les déranger.
Nous naviguons très lentement et de façon assez silencieuse ce qui nous permet de pouvoir contempler tranquillement notre environnement. Au fur et à mesure que la température augmente, la vie se fait de plus en plus rare et vers midi, les oiseaux se sont tous mis à l’abri. Il n’y a plus rien d’autre à observer que la végétation : les moucou-moucou ainsi que la savane flottante. Le moucou-moucou, bien que déjà présent en Guyane, est une plante considérée comme invasive dans les marais. Elle perturbe la pêche et dérange la vision 360° du marais de par sa taille et ses larges feuilles. Un programme d’éradication est en cours de test. Quant à la savane flottante, s’il n’est pas possible d’y poser le pied, on peut toutefois se déplacer en bateau en son sein, sans risquer de l’abîmer, car les hautes herbes se remettent automatiquement debout après notre passage. Il n’y a guère que les zébus qui s’y meuvent sans difficulté pour y paître tranquillement toute la journée. On les aperçoit en fonds de décors depuis la rivière. Il s’agit d’une des activités agricoles autorisées dans la réserve naturelle, en plus de la culture d’abattis (clairière agricole en forêt).
L’autre principale occupation des habitants de Kaw est la pêche. Des filets de pêcheurs sont, d’ailleurs, installés tout le long de la végétation flottante pour attraper le fameux poisson local « l’atipa », dont la cuirasse préhistorique a fait la renommée du village de Kaw. On s’y rend spécialement pour pouvoir le déguster dans les restaurants du coin. Nous n’aurons malheureusement pas la chance de le goûter. Il est cependant possible de le trouver en vente sur le marché aux poissons de Cayenne, mais il est, à priori, très difficile à cuisiner. Il faut savoir bien le préparer pour lui enlever son arrière-goût vaseux.
Le Village de Kaw, à l’ombre des manguiers
Après quelques heures de navigation, nous nous arrêtons pour la pause-déjeuner à Kaw. Village de 50 âmes à peine, isolé de la terre ferme par une demi-heure de pirogue environ. Bien que la route qui conduise au dégrad ne soit goudronnée que depuis quelques années seulement. Le premier « chinois » (épicerie tenue par un chinois) se trouve donc à 1h30 de transport environ – si tant est que les habitants de Kaw aient une voiture, qui ne leur servira d’ailleurs que sur le continent ! On imagine donc que les villageois de Kaw sont bien obligés de mener un mode de vie auto-suffisant s’ils veulent continuer à vivre dans leur village.
L’ambiance dans le bourg est particulièrement animée car, pendant les vacances scolaires, tous les enfants scolarisés reviennent chez leurs parents (ils sont hébergés en famille d’accueil ou en internat à partir du collège). Nous essayons de nous faire le plus discret possible pour ne pas « trop » perturber l’intimité des habitants car, étant donné la chaleur, tout le monde est dehors et vaque à ses occupations. En effet, il est bien plus agréable de rester dehors sous l’ombre d’un manguier qu’à l’intérieur de sa maisonnette en bois dont le toit en tôle contribue à augmenter considérablement la chaleur !
Après un repas copieux, nous repartons sur le Morpho pour une baignade bien rafraichissante dans la rivière Kaw. Nous repartons tranquillement au dégrad et la fin de la visite est accompagnée par le retour des oiseaux qui réapparaissent passés les heures les plus chaudes.
5 comments
Hé bien, il vous aura fallu attendre mais au moins vous en avez bien profité de cette balade. ^^
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L’espoir fait vivre comme on dit! En même temps, comme nous sommes maintenant installés en Guyane pour une durée indéterminée, il faut aussi se laisser des choses à faire sur le long terme!