Le chalet Bourda

A l’occasion des journées du patrimoine, découvrez un monument qui ouvrait ses portes au public pour la première fois en Guyane.
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le_chaletLe titre pourrait prêter à confusion mais non il ne neige toujours pas en Guyane et nous ne parlerons ni de ski, ni de froid dans cette article. Nous avons profité des journées européennes du patrimoine (JEP) le week-end dernier pour visiter la résidence préfectorale, plus connu sous le nom de Chalet Bourda. Pour la première fois de son histoire, elle était ouverte au public, et cela sans doute pour fêter sa toute récente inscription au titre des monuments historiques (Décembre 2013). La rareté de l’occasion ainsi que l’histoire de cette construction nous a fait entourer de rouge cette visite sur notre programme des JEP.

 

chalet_bourda-vueLors de précédentes promenades, nous avions déjà remarqué cette bâtisse, enfin plutôt : ce portail impénétrable qui vient mettre un point final à la petite route qui serpente aux flancs de la colline Bourda, traçant difficilement sa route entre des villas parmi les plus belles du territoire.L’espace d’un instant, on est transporté quelque part vers la Côte d’Azur, au milieu des villas somptueuses des stars. Sur le transformateur EDF à l’entrée, juste avant de faire demi-tour, le lieu-dit est signalé à l’aide d’une sobre plaque: « Gouverneur no.9». Le décor est planté, et on imagine les ors de la république bien à l’abri mais face à la mer.

Carte postale
Carte postale

A la fin du XIXème, le gouverneur Loubère a dans la tête l’envie de se faire construire une résidence secondaire au bord de la mer. Sans doute était-il oppressé par l’urbanisation démentielle de Cayenne à l’époque, ou alors résider sur son lieu de travail lui pesait-il. Lors d’une déplacement dans l’Ouest du pays, il remarque à la pointe des Hattes, près d’Awala, une maison de l’administration pénitentiaire à l’abandon. La baraque n’a pas perdu de son charme malgré ses affectations précédentes (prison, asile) et il rentre à Cayenne avec une petite idée derrière la tête. L’époque est aux économies, et le gouverneur ne voulant pas ponctionner de trop le budget de la colonie, propose de démonter le bâtiment pour le faire reconstruire sur un terrain appartenant à l’État. Les frais sont ainsi minimisés et chacun y trouve son compte. La proposition est validée et il faudra trois ans pour la mettre en œuvre. En 1874, c’est la pendaison de crémaillère du chalet Bourda mais malheureusement, nous n’avons aucun écrit relatant la soirée.

 

Source: gallica.bnf.fr
Source: gallica.bnf.fr

Avec le temps, la résidence qui n’était que secondaire devient principale et les préfets succèderont aux gouverneurs. Lors de la départementalisation en 1947, le chalet Bourda est cédé au département mais il n’y a pas de procédure d’expulsion des occupants et ils y demeurent jusqu’à aujourd’hui.

La vue depuis le parc
La vue depuis le parc

D’un point de vue architectural, il s’agissait d’une maison sur pilotis avec des ouvertures permettant un effet Venturi pour rafraichir le chalet. Depuis, les pilotis ont été murés pour créer de nouvelles chambres tandis que toutes les ouvertures ont été obstrués pour mettre la climatisation. La maison du gardien, quant à elle, a acquis ses lettres de noblesse puisqu’elle accueille maintenant les présidents et ministres de passage en Guyane. Le gardien lui se retrouve à la porte (au sens propre).
Nous n’avons pas pu pénétrer l’intimité du préfet, nous contentant de rester dans le parc et de faire le tour de la maison. Ce qui frappe, c’est le manque de signes ostentatoires justement des ors de la république. Certes le chalet Bourda est beau tout en bois mais il n’y a rien d’extravagant : pas de moulure, ni de feuille d’or, pas de jardin à la française, etc… On est dans la simplicité, la république belle dans son dénuement et aussi un peu dans sa décrépitude il faut bien le dire. En espérant que le classement au titre des monuments historiques permettent de mettre ce patrimoine en valeur.

Le plus beau pour la fin...
Le plus beau pour la fin…
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5 comments
  1. “pénetrer l’intimité du prefet”et voilà comment se construisent les légendes torrides sous les tropiques qui le sont tout autant
    …a moins que la féminisation du corps préfectoral sauve les apparences.

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