Cela fait maintenant un an que nous sommes installés en Guyane. L’heure du bilan n’est pas encore arrivée mais nous pouvons au moins faire un point intermédiaire.
Nous avons découvert un territoire d’une incommensurable richesse que soit naturelle ou humaine, bien loin des clichés déformés qui nous arrivent en métropole. Il est loin l’enfer vert, le bagne ou la terre de far-west qu’on nous promettait. Et nous espérons bien retransmettre cet intérêt dans les articles que nous partageons avec vous.
Mais comme le titre le résume ce que nous retiendrons de cette première année en Guyane, c’est avant tout cette chaleur et cette moiteur continuelles, collantes sur la peau et étouffantes. L’avantage – et l’inconvénient – d’être proche de l’équateur nous assure ainsi d’une température quasi-identique toute l’année et jamais très éloignée des 30°C.
Un été sans fin
La conséquence pour nous autres métropolitains est donc une disparition pure et simple des saisons que nous connaissions jusqu’alors. Fini l’alternance salvatrice de l’automne, l’hiver et le printemps pour les remplacer par un été sans fin. Et l’on se rend alors que notre vie était rythmée par ce changement de saison, que l’année progressait petit à petit sur un tempo quaternaire par rapport aux repères que nous connaissions. Les arbres perdent leurs feuilles en automne, l’hiver est ses mini-journées de jour et le printemps qui revient, l’air qui se réchauffe avant de laisser sa place à la chaleur écrasante de l’été. Ici, les arbres ne perdent pas leurs feuilles et il nous faut donc ré-apprendre un nouveau calendrier binaire : saison sèche ou pas. Au final, la seule différence est donc la quantité d’eau qui tombe du ciel et qui rafraîchira ou non l’atmosphère. Le taux d’humidité restera malgré tout désespérément collé à la barre des 90 %.
Dans l’attente de maîtriser ce nouveau rythme, nous avons dû nous raccrocher à ce qu’il nous restait pour suivre notre évolution temporelle car qu’est-ce qui ressemble le plus à une journée de beau temps qu’une autre journée de ciel bleu ? Parfois, la vague impression d’être dans Un jour sans fin, le film où Bill Murray revit sans cesse la même journée jusqu’à ce qu’il est accompli quelque chose de bien, se fait sentir. Il est beaucoup plus difficile de tenir les comptes des journées. Ce sont donc les événements immuables du calendrier mondial – et les fêtes religieuses – qui nous aident à garder une trace de la fuite du temps. Roland-Garros, le festival de Cannes, le Tour de France ou de Guyane, la Toussaint, Carnaval, les ponts du mois de Mai, la rentrée scolaire et Noël. Pour ce dernier, on a eu un peu de mal à se mettre dedans. Peut-on imaginer un Noël sans neige, sans froid, sans vin chaud. A quoi sert alors le gros manteau du bonhomme en rouge ?
On rêve parfois de Laponie
D’ailleurs, on se prend parfois (souvent?) à penser au pays du Père Noël, à rêver de Laponie, à de vastes étendues blanches, à la neige qui fouette le visage, aux crissements des patins du traîneau à chiens sur la glace, à l’odeur des pins, emmitouflés dans une grande couverture. Tout là-bas dans le Grand Nord, 60° de latitude plus au nord et 9000km plus loin. Faire du ski, et même des raquettes s’il le faut. Voir le soleil de minuit, des aurores boréales, rencontrer les derniers nomades d’Europe les Saamis, mais avoir froid et grelotter. On a comme l’impression d’être bloqués à l’intérieur du sauna et que la clé a été jetée loin dans la neige. Mais ne pas revoir Narvik si possible. Comme des envies de passer Noël en Laponie en famille…
La découverte de la Guyane ne s’arrête bien sûr pas à supporter la chaleur mais c’est du moins l’aspect quotidien le plus omniprésent. Qui eut cru que vivre en short puisse avoir quelque chose de si perturbant ?
5 comments
😀
Je crois qu’on en est tous passés par là : Je rêvais aussi d’une bonne gelée^^