Rencontre à la croisée des chemins: Samy et Lorena

Ayez la chance de faire la connaissance comme nous l’avons fait, de ce couple de quadragénaire, Samy et Lorena, symbole d’un printemps amoureux!
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Samy et lorena
Samy et Lorena

C’est au cours d’un “asado” (barbecue) chilien que nous avons fait la connaissance de ce couple de quadragénaire, Samy et Lorena, lors de notre séjour dans le parc de Quirilluca géré par l’association Chinchimén.

Samy, mi-cow-boy mi-prince charmant, est un “huaso”, un homme de la terre. Élevé à la ferme, il est aujourd’hui ouvrier du bâtiment à son compte.

Généreux, il est celui qui nous ramenait du pain frais alors que nous émergions difficilement de nos nuits trop froides sous la tente. Il est aussi toujours le premier à se charger de la corvée de préparer la braise des “asados”.

Entrepreneur, il est persuadé qu’il va faire fortune en vendant les coquillages qu’il ramasse méticuleusement au râteau et à la pelle sur la plage de Quirilluca. “Tu te rends compte, pas moins de 10 lukas le sac de 10 kilos (traduisez 10 000 pesos chiliens, soit 15 euros)! C’est sûr, tous les bourges de Zapallar vont se les arracher pour décorer leur jardin” raconte-t-il à la ronde. Zapallar est “the” station balnéaire de la 5ème région du Chili. La plus huppée, elle accueille toute l’élite chilienne de Santiago. L’actuel Président, Piñera, y aurait même sa résidence! Mais Samy pense déjà à diversifier sa clientèle en vendant aussi les miettes de coquillages qui s’accumulent sur la plage aux éleveurs de poules du coin.

Plage de Quirilluca
Plage de Quirilluca

Débrouillard, il nous a impressionné quand il a attrapé au lasso une vache qui paissait tranquillement dans le parc pour lui tirer le lait, juste “parce qu’il avait envie d’un café au lait”.

Anti-TIC, il ne sait pas utiliser “gloo-gloo”, c’est ainsi qu’il nomme “google” et croit que le wifi est un gâteau apéritif que les gens commandent avec leurs bières dans les cafés (“vous avez du wifi?”). Il dissimule d’ailleurs son aversion pour l’informatique en prétextant à ses clients que sa “messagerie est en panne” pour ne pas leur envoyer de devis par courriel.

Et enfin amoureux, nous avons observé son affairement du vendredi pour préparer son petit nid d’amour du week-end dans la cabane de René, absent ces jours-là.

Nous avions hâte de rencontrer la fameuse Lorena dont il ponctuait toutes ses phrases! Nous n’avons pas été déçu, Lorena, Lora de son petit nom, est une femme dans la force de l’âge, distinguée mais naturelle, qui sait ce qu’elle veut.

Divorcée, elle s’est retrouvée à devoir subvenir à ses besoins alors qu’elle venait de passer 20 ans à élever ses enfants.

Un renard
Un renard

Battante, elle a entrepris de reprendre ses études à Santiago en prenant des cours du soir pour devenir comptable à son compte. La journée, elle fait du phoning dans une banque pour vendre des comptes courants. Il faut qu’elle tienne le rythme pendant 4 ans. Mais l’ampleur de la tâche ne lui fait pas peur, même si cela implique qu’elle ne voit Samy que le week-end. Comme elle aime à le dire, le sang de ses ancêtres, les guerriers Mapuche, ceux qui ont opposé une pugnace résistance aux espagnols et aux chiliens, coule dans ses veines.

Militante, elle sait jouer de cacerolazos (concerts de casseroles) pour soutenir le mouvement des étudiants chiliens, en bras de fer avec l’actuel gouvernement afin de réformer en profondeur le système éducatif, jugé inéquitable et mercantile.

Féministe, elle n’hésite pas à s’énerver contre les biens-pensants qui n’acceptent pas sa relation amoureuse avec Samy et contre tous ceux qui pensent encore que les femmes d’aujourd’hui ne cherchent qu’à se marier et s’occuper de leur foyer.

Urbaine, elle a toujours vécu à Santiago. Quand elle se promène dans le parc de Quirilluca avec Samy, elle ne sait pas reconnaitre un renard d’un chien, n’a  encore pas trouvé la patience d’observer une loutre et croit que le Belloto, un arbre protégé du parc, est un cocktail à la mode.

Et enfin généreuse, c’est elle qui nous gardait “un petit quelque chose” (en fait une plâtrée de pâtes ou de riz) lorsque nous passions nos journées à observer les loutres.

Ce couple est la démonstration que les opposés s’attirent, le symbole d’un printemps amoureux et nous leur souhaitons “tout le bonheur du monde”!

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