Le soleil peut être au service du développement
Avant de rejoindre l’association Inti Illimani basée à la Paz en Bolivie (Inti voulant dire “soleil” en quechua et Illimani étant la montagne qui veille sur la Paz), nous étions très curieux de découvrir les actions concrètes menées sous couvert de cette devise quelque peu solennelle: “le soleil au service du développement”.
Autant dire que nous n’avons pas été déçus et avons appris des tas de choses sur l’utilisation des rayons du soleil dans le cadre de la cuisson d’aliments.
Nous avons été très bien accueillis par une équipe de quatre personnes, toutes très sympathiques, ouvertes et surtout passionnées par leur travail. Nous avons logé chez Rocio, la plus jeune de l’équipe qui travaille sur la partie “action carbone” de l’association (il s’agit pour elle de collecter des données auprès des utilisateurs de cuisines solaires pour justifier les économies d’émissions de CO2).
L’action d’Inti Illimani repose sur la promotion de l’utilisation des cuisines solaires dans toute la Bolivie mais en particulier dans les régions rurales et isolées où la distribution de gaz est plus compliquée et où le bois est plus rare (notamment dans l’altiplano).
L’utilisation de fours solaires pour la cuisine est bénéfique à de nombreux points de vue
Partant du constat que la Bolivie est l’un des pays où les rayons du soleil sont les plus forts, et ce tout au long de l’année, ainsi que des difficultés pour les habitants de l’altiplano de se procurer du bois du chauffage, les fondateurs d’Inti Illimani ont souhaité diffuser un appareil, déjà existant, permettant aux boliviens de cuire leurs aliments grâce aux rayons du soleil.
Les gains pour les utilisateurs de ces cuisines sont immédiats: économie financière par l’économie de consommation de gaz (évaluée en moyenne entre 1 à 2 bonbonnes de gaz par mois, soit 5 euros par mois pour un salaire moyen de 150 euros), économie de temps par le fait de ne plus ramasser de bois dans la nature (évaluée entre 5 et 15heures par semaine).
Un modèle économique viable grâce au marché volontaire de CO2
Pour la collectivité dans son ensemble, les avantages sont visibles: baisse des émissions de gaz à effet de serre (bois de chauffage et gaz) et réduction de la pression humaine sur la coupe des arbres. C’est d’ailleurs grâce à cette économie de CO2 que l’association peut financer son action. En effet, les gains de CO2 évalués auprès des utilisateurs sont vendus sur le marché volontaire de CO2 (c’est là que les particuliers ou entreprises peuvent compenser leur consommation de CO2, de façon volontaire et non règlementaire, comme les voyageurs qui utilisent l’avion par exemple). Ce sont deux associations françaises (Good Planet et Bolivia Inti Sud Soleil) qui s’occupent de ces démarches et redistribuent ensuite les fonds à Inti Illimani.
Concrètement, l’activité principale de l’association est d’animer des séances de construction-utilisation des cuisines de 3,5 jours auprès d’un groupe communautaire de 20 personnes. L’objectif de ces séances est de faire construire par les futurs propriétaires leur propre cuisine, d’une part, pour qu’ils sachent la démonter en cas de maintenance (l’association ne compte que deux techniciens pour des milliers de bénéficiaires), et d’autre part, pour qu’ils s’approprient plus facilement l’objet en ayant travaillé plusieurs jours à le confectionner (et en ayant souffert à lui planter des centaines de clous!), ainsi la cuisine solaire n’est pas un objet de consommation que l’on achète facilement.
Une gestion de projet rigoureuse et professionnelle
Dans le même temps, des séances théoriques d’utilisation sont dispensées par une éducatrice qui en profite pour sensibiliser les participants à l’amélioration de la nutrition (manger des fruits et des légumes!). Le reste du temps, l’éducatrice prépare à manger pour tout le groupe avec la cuisine solaire de façon à démontrer l’efficacité de la cuisson par cuisine solaire.
Puis après cette semaine de dur labeur, un suivi de quatre mois est réalisé par l’éducatrice qui réunit les utilisateurs et partage avec eux leurs expériences de la cuisine solaire. De nombreuses données sont aussi collectées qui seront ensuite traitées par Magda, au bureau de la Paz, pour rendre compte aux bailleurs de fonds.
Quant à Isaac et Miguel, les deux techniciens qui supervisent les ateliers de constructions, à peine rentrés chez eux, il leur faut déjà préparer le cours suivant en produisant des kits de constructions pour qu’il ne reste plus qu’à assembler les pièces pendant les ateliers.
Enfin, le coût de la cuisine solaire est évalué à 1 200 bolivianos (120 euros) comprenant le matériel de construction, le salaire des deux techniciens, les coûts de transports pour se rendre dans tout le pays ainsi que les couts fixes de l’association. Sur les 1 200 bolivianos, les propriétaires des cuisines n’en paient que 35%, le reste est financé par les bailleurs de fonds français. L’association distribue 660 cuisines par année.
Pour en savoir plus: http://asointiillimani.wordpress.com/
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