L’espace urbain: une décharge à ciel ouvert
Alors que nous entamons notre cinquième semaine au Sénégal, partout où nous allons, toujours le même constat: l’omniprésence du plastique, non seulement comme décors urbains mais aussi dans tous les actes de consommation quotidiens.
La défaillance, voire l’absence comme à Tambacounda, de ramassage et de traitement collectif des déchets ménagers conduit à produire des décharges sauvages au milieu des habitations, dans les moindres recoins d’espace public.
Alors qu’à Dakar, un semblant de ramassage des ordures ménagères est organisé par la société Veolia dans certains quartiers du centre historique (sans pour autant parler de traitement, puisqu’ils sont juste déposés dans une immense décharge à ciel ouvert à 60 km de Dakar), Tambacounda (pôle urbain de 300 000 habitants au centre du Sénégal), constitue le paroxysme des problématiques de ramassage et de traitement des déchets ménagers en milieu urbain: à certains endroits, la ville prend des allures de décharge à ciel ouvert.
Les rues sont parsemées de monticules de déchets en tout genre, le plus souvent représentatifs d’un mode de consommation à “l’occidental”: emballages cartonnés, bouteilles de soda en plastique, sachets en plastiques, boites de conserve, etc.
Alors qu’on croit apercevoir des oiseaux dans le ciel, ce sont en fait des sacs plastiques en train de voler.
Les décharges sauvages sont des aires de pâturage
Seul le bétail (chèvres, cochons, zébu) semble se réjouir de ces paysages: ils constituent leurs espaces de pâturage! Même si l’on peut douter de ce régime alimentaire sur la qualité de la viande que nous consommons, le bétail contribue pour autant à nettoyer la ville de son surplus de déchets.
Parfois, une odeur acre nous picote les narines: on est en train de bruler le trop-plein d’ordures!
Ailleurs, le moindre point d’eau en mouvement (fleuve Sénégal à Saint-Louis, mer à Dakar) sert de poubelles: combien de seaux d’ordures, d’eaux usées, avons-nous vu se déverser !
Cela explique l’état de saleté de toutes les plages que nous avons pu trouver sur notre route (ou bien les cargos environnants? voir notre article sur la nourriture sur un cargo).
Quant aux actes de consommations quotidiens, ils sont évidemment la cause première de ce sur-plus de plastiques. Le moindre achat donne lieu à la distribution de sachets plastiques. Surtout que tous les produits de consommation courantes sont vendus dans des sachets plastiques individuels: dosettes de café, de sucre (par sachet de 50 ou 100g), d’eau potable (sachet de 25cl), de lessive, de lait en poudre, etc. La situation économique est telle que la plupart des Sénégalais ne peuvent se permettre d’acheter un kilo de sucre et sont obligés d’acheter quasiment quotidiennement des sachets de 100g. A cela s’ajoute les difficultés de conservation des aliments (pas de place, pas de frigo, coupures d’électricité).
Bref, avec le coca-cola et les cartes de crédits téléphoniques orange, le sachet plastique est un produit qui connait une très bonne couverture nationale ! Heureusement, en milieu rural, cette problématique est moins visible.
Plus que de sensibiliser la population, c’est un vrai service de ramassage et de traitement des déchets que les citadins ont besoin!
Dans les endroits les plus touristiques du Sénégal que nous avons visité (Ile de Gorée, Saint-louis), nous avons souvent lu des pancartes de sensibilisation sur les déchets : “luttons contre la saleté” ; “la propreté c’est la santé”, etc.
Nous pouvons certes reconnaitre que nous avons rencontré de nombreux sénégalais jetant leurs déchets dans la rue (mais nous en avons vu aussi qui balayaient les trottoirs et les rues faites de sable), mais comment modifier son comportement alors qu’aucune organisation collective de ramassage des déchets existe? Quels impacts peuvent bien avoir ses messages sur la population?
Notre analyse emprunte certainement un prisme français, habitués que nous sommes à ce que la puissance publique organise et régente de nombreux aspects de notre vie collective. Cependant, nous ne pouvons que déplorer les conséquences de l’absence de ramassage et de traitement des déchets qu’elle soit publique ou privé!
Toute cette problématique nous fait d’autant plus prendre conscience de nos propres modes de consommation, très producteurs de déchets. Il nous faut être vigilant quotidiennement, car nous savons comment vont finir les déchets que nous laissons dans les poubelles de nos chambres d’hôtel! Et c’est pourquoi nous tentons de diminuer notre production de déchets: le filtre à eau nous permet de ne pas acheter de bouteille d’eau, les sacs en tissu nous accompagnent lorsque nous faisons nos courses.
3 comments
C’est un peu alarmant tout ça 🙁
D’ici dix ans, il n’y aura plus de pétrole et donc plus de problèmes avec le plastique, hehehe
Paul trouve que tout ceci est bien moche… Par contre les hippopotames et les pélicans de l’autre article sont trop beaux ! Bravo pour les photos!
En tout cas, évitez de manger de la viande ou du poisson, vu qu’ils se nourrissent de plastique!!!
Bravo pour votre beau voyage que nous découvrons avec plaisir avec les enfants.
Nous vous suivrons régulièrement.
Bravo également pour votre approche sociale environnementale et solidaire….
La seule qui peut sauver le monde.
Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’un forêt qui pousse …partout les consciences s’élévent, ce sera long mais il parait que pas une cause juste n’ait été au final gagnée par l’homme..ca se discute surement mais l’espoir est permis.
Concernant la problématique des déchets en afrique de l’ouest :nous avions organisé un ramassage de plage en mauritanie en 2006 / Résultat 18 Tonnes en 1 Journée
https://picasaweb.google.com/asso.sysol/2006IONOUAKCHOTTMauritanie#
Vaste problème…
BOn vent, Joyeuse route…Et le cargo comme mode de transport , c’est vraiment top..
On ferait bien son sac….