Le mythe du Marin

Comment le karaoké a révolutionné le monde marin !
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Séance karaoké!

Il est parfois des images d’Epinal qui ont la vie dure. Ainsi, le marin était indissociable du pirate: un marin était forcément un pirate! C’est-à-dire un gars costaud, balafré comme le dernier des ruffians,  la peau burinée et marquée par les accidents de la vie. Il était dès lors facile de les imaginer descendre des litres et des litres de rhum, le soir au fond d’une taverne sordide d’un port mal famé, le tout rythmé par quelques chansons paillardes bien trouvées, vantant les mérites des filles de joie.

C’est donc avec quelques appréhensions que nous pénétrâmes dans la salle réservée à l’équipage. Nous nous étions préparés à supporter le regard lourd de ces taiseux,  à en découdre pour laver les possibles  affronts faits à notre honneur. Point besoin de descendre à fond de cale, la salle se trouvait sur le même pont que notre cabine. Cela aurait évidemment dû nous mettre la puce à l’oreille: quel capitaine raisonnable aurait-ils pu laisser faire une telle avanie?

Et quelle ne fut pas notre surprise de ne point trouver ni de rhum,  ni de chansons paillardes. Nous fûmes chaleureusement accueillis par de petits philippins – guère plus d’1m70 pour le plus grand. En lieu et place des distractions des marins d’autrefois telles que nous les imaginions, la modernité  a apporté le Karaoké et les chansons d’amour! Et c’est ainsi que nous entrâmes dans la danse, enfin plutôt dans le tour de chants. Et les grands hits internationaux succédant aux chansons philippines ont cela en commun qu’ils parlent d’amour.  La première réflexion qui nous vient à l’esprit: ”Fichtre, mais il n’existe QUE des chansons d’amour?”. Mais ne doit-on pas plutôt y voir l’affleurement de la condition des marins contemporains ? Derrière l’anonyme mondialisation,  se trouve des hommes et des femmes déracinés, éloignés de leurs famille et amis ; et ce n’est sans doute pas par vocation. Sans parler de leurs conditions de travail ni de l’environnement en vase-clos dans lequel ils évoluent, l’Absence est un autre facteur.

Pour briser les clichés, il est parfois bon de voir chanter une chanson d’amour par un philippin aux grands yeux humides, le soir en pleine mer!

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5 comments
  1. y a comme çà des mythe tenace, en vrac le pecheur destructeur et inconscient, l’écolo respectueux de la nature, bref des tas et des tas … c’est superbe ce que vous allez vivre… vérifier les mythes

  2. Passagère sur un autre cargo, de Grimaldi, les marins nous ont conté qu’il y avait deux sortes de capitaines : le paternaliste et “le boss”.
    Malheureusement pour eux cette fois, c’était “le boss” : pas de karaoké, pas de berbecue, personne dans la salle de repos – chacun tristement dans sa cabine, et quelques fortes engueulades avec le chef…
    Mais le même manque et la photo de ses enfants subrepticement sortie de la poche, quand le capitaine était dans la cabine… Entre quatre et six mois à bord, mais heureusement avec changement de capitaine!

  3. Passagère sur un autre cargo, de Grimaldi, les marins nous ont conté qu’il y avait deux sortes de capitaines : le paternaliste et “le boss”.
    Malheureusement pour eux cette fois, c’était “le boss” : pas de karaoké, pas de berbecue, pas de baptême pour le passage de la ligne équatoriale, personne dans la salle de repos – chacun tristement dans sa cabine, et quelques fortes engueulades avec le chef avec menace de débarquement…
    Mais le même manque et la photo des enfants subrepticement sortie de la poche, quand le capitaine était dans la cabine… Entre quatre et six mois à bord.

    1. Ah effectivement, ce n’était pas la même ambiance ! Ca doit être lourd d’être passager dans ces conditions… Quelle était la nationalité des officiers? et le nom du bateau?
      A+

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